Chroniques Temporelles
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Quand le RP se joue du Temps
 
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 Bachnya : la Forteresse

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Fotina
Isadora Senjak
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almeria
Basile
Anna
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Mai - 14:28

Le souffle court, elle subit leur séparation en silence et observe son frère revêtir ses oripeaux princiers. Un soupir léger et elle se décide enfin à en faire de même. Lui emboîter le pas pour rejoindre l'abri des pierres noires, là-haut. Le cocon qui les a vu grandir et les a forgés, lentement.
L'ascension commence, toujours lente et tâtonnante. Une main posée sur le mur, le pied venant buter sur chaque marche, ils progressent dans la pénombre venteuse. Elle n'a pas encore ouvert la bouche perdue encore dans la chaleur de ce corps, dans le souvenir de son intrusion en elle. La porte se détache au haut des dernières marches et le couloir enfin les accueille. Personne n'est là, ils pénètrent dans le coeur de la forteresse sans avoir été inquiétés. Chez elle, elle reprend l'attitude droite et lointaine qui est la sienne.


Faut il aller voir le vieux tout de suite, ou attendre qu'on annonce l'arrivée de l'homme des arènes ?

Ici, la voix s'élève et s'amplifie, court le long des galeries qui s'enchaînent. Les pierres n'aiment pas le silence.
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almeria

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Mai - 14:50

La scène qui s’était déroulée au marché avait été distrayante, cinq minutes. Voir les nobliaux se battre pour un moins que rien avait de quoi faire sourire. Mais la promiscuité de la populace, leur avidité pour quelques pièces… Almeria se sentait salie par leurs frôlements, leurs haleines chargées, leur crasse.
Retourner à la forteresse devenait urgent. Ses deux trésors s’étaient éclipsés eux aussi. Il était temps de retourner à son invisibilité, reprendre le rôle honni de la boniche, obéir et servir. Mais avant tout, un bain, chaud et régénérant. Les maitres de la forteresse avaient le nez fin et ils ne manqueraient pas de repérer sur elle l’odeur de la ville. Que son escapade reste aussi secrète que celle de ses papillons solaires.
D’un pas rapide, Almeria franchit les rues et ruelles qui la séparent de la forteresse, n’accordant aucun regard à ce qui l’entoure. Plus rien ne l’intéresse ici, seuls restent le dégout et l’envie de fuir.

A l’approche des portes, elle retrouve son rôle de servante, tête basse, regard au sol, épaules voutées. Les gardes la laissent entrer sans un haussement de sourcil, tous savent qu’elle a les faveurs des plus gradés d’entre eux et qu’il ne vaut mieux pas trop jouer avec ce genre de courtisane.

Almeria gravit les escaliers de services qui la mènent à sa chambre, son réduit plutôt. Soudain se rappelle à elle, son « rendez vous » avec le vieux grigou. Il est bientôt l’heure de le rejoindre, il ne serait pas bon de le faire attendre.

Expédiant ses ablutions avec efficacité et rapidité, Almeria ressort bien vite de son refuge et arpente les couloirs vers ses obligations…
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Roland

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 31 Mai - 13:31

Bref salut à la porte. Deux visages connus que ceux de ces gardes, mais sans plus. Ceux qui croient que l'armée, ou un corps de garde, est une fratrie, se trompent lourdement. Plutôt un groupe hétéroclite d'individus qui doivent composer, bon gré mal gré, avec les autres, qui dorment, mangent et meurent côte à côte. D'ailleurs, ces deux-là ont vite l'attention qui se détourne. Bref regard par dessus l'épaule, le temps pour Roland d'apercevoir une grande femme à la chevelure rousse. Intouchable, oui, pour la piétaille, mais le genre à servir d'aphrodisiaque au gaillard en tête à tête avec sa main, au fond de la chambrée quand le sommeil se dérobe.

Rien de ses pensées n'affleure sur le visage de Roland, tandis qu'il hoche du chef aux paroles de Fotina. Quelques instants plus tard, ils sont à l'entrée des cuisines, vaste complexe de pièces sous des voutes de pierre. Un véritable labyrinthe dans lequel s'entrecroisent hommes, bêtes et ustensiles divers, sous les harangues des chefs marmitons et le plafond noirci et impertubable. L'odeur est puissante, presque musquée à force de mélanges. L'estomac de Roland se rappelle à lui, tandis que Fotina se fraie un chemin pour poser son panier.
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Tilly Stagner Col

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 7 Juin - 13:24

Enfin détendu, Col n'en avait pas pour autant oublié les raisons de sa frustration. Il en voulait au Marzian bien sur, mais savait ne rien pouvoir faire contre eux pour le moment. Il exercerait donc sa vengeance sur le marchand d'esclave, coupable à ses yeux de ne pas l'avoir craint, coupable aux yeux du monde de n'avoir tremblé à l'évocation de l'authorité du Gardien.

Après avoir attendu son tour d'audience sans broncher, il était enfin reçut par le Gardien. Il lui exposa les faits, exagera quelque peu son récit, n'oubliant pas de préciser que le dit marchand avait préféré faire affaire avec les Marzian malgré sa menace de représailles.


"...voyez vous mon seigneur, cette homme a salit mon honneur sur la place public, il a méprisé l'institution que je represente, il a fait preuve d'arrogance devant votre nom. Je ne peux souffrir qu'il reste impuni. Je ne peux tolerer que le monde, et notamment la famille Marzian, pense que l'on peut défier l'authorité de la couronne sans avoir à le payer cher.
C'est pourquoi je vous demande l'authorisation de preter votre justice à mon bras vengeur.
Donnez moi l'ordre de l'arreter et je le ferais.
Parlez mon seigneur et il en sera ainsi."
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Bogumir Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Juil - 0:15

Dieux, que cette salle sonne creux... Une lame brûlante lui tord à nouveau les entrailles. Chaque semaine la douleur se fait plus tenace, plus acide. Je pourris de l'intérieur. La mort plante son croc et me tire vers son étal. Une viande parmi d'autres, ainsi en sera-t-il de moi comme des autres. Avant, après. Mon père, mon fils. Tous les Gardiens. Viande et os. Tous les mendiants. Saleté de douleur. Que fait donc cet imbécile de médecin avec ses herbes et ses potions ?

Le greffier déroule sous ses yeux un parchemin noirci d'une écriture serrée, attestant d'on se ne sait quel droit de préemption sur une quelconque propriété à des dizaines de lieues de Perehod. Un conflit de marchands. D'authentique seigneurs auraient règlé leur querelle aux armes, sans entremise. Les nobliaux de province s'étiolent dans les plaisirs et le luxe. Ils marchandent à présent... La guerre les endurcirait mais la plupart d'entre eux n'accompagnent plus les troupes qu'ils lèvent. Ils délèguent à leurs capitaines. La guerre... Le Gardien se penche en avant pour atténuer les élancements qui font monter la nausée. Surpris, le greffier interrompt la lecture. Bogumir crache. Une tâche rougeâtre se met à luire et à pétiller aux pieds du fonctionnaire. Qu'ils règlent ça entre eux, pense-t-il. Déjà, l'homme s'incline et s'éloigne à reculons. Il a compris. Bogumir gouverne du regard, en peu de mots. De moins en moins de mots à mesure que s'écoulent les ans. Hiératique sur son trône de pierre grise au siège poli par des générations de souverains, Bogumir Senjak accomplit dans un silence croissant la tâche pour laquelle il est né. Il parle peu, de moins en moins. Ecouter, décider. Punir, venger, récompenser. Audience après audience, requêtes, plaintes, envies. Toute la litanie des passions ordinaires. Pouvoir, jalousie. Peur. Ses oreilles se mettent à bourdonner au rythme des aiguilles qui lui déchirent le ventre. Il se redresse. Un autre homme s'avance vers lui. Le Maitre des Arènes. Celui-là n'est pas un marchand, au moins. Le Gardien plante son regard pâle sur l'homme qui expose son histoire. Pas un trait de son visage ne bouge, mais Bogumir enregistre les détails avec intérêt. L'insolence des Marzian est un signe qui ne trompe pas. Ils se croient fort et s'agitent. La vermine grouille toujours plus fort sur les corps affaiblis. Oui, il va falloir agir bientôt. Basile est presque prêt. Patience. Bogumir se souvient des rapports de son maitre espion. Stagner Col est d'une loyauté sans faille. Pourtant, il semble mener une double vie. Il offre son bras pour instrument de vengeance. Peut-être l'occasion d'en savoir un peu plus long et de toucher les Marzian du même coup. Bogumir laisse porter son regard sur le fond se la salle avant de le ramener sur l'homme. Il le fixe à nouveau sans mot dire. Une minute s'écoule dans un silence minéral.

Ma justice et mes soldats ont d'autres occupations. Tiens-toi prêt, tu recevras un signe.

Le Gardien se laisse aller au fond de son siège. La pierre dure et granuleuse l'embrasse d'un baiser froid. Il oublie un instant l'ennui et la douleur. La pierre l'apaise.


Dernière édition par le Jeu 26 Juil - 17:36, édité 1 fois
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Juil - 23:08

Il n'aura pas eu le temps d'énoncer sa réponse, déjà les hérauts proclament le nom de l'homme qu'elle attendait. Pressant le pas, elle distance son frère qui n'a pas pour habitude de courir au lieu de réfléchir.
D'un geste, elle fait taire le serviteur de son père qui croyait l'arrêter et traverse la salle, juste quand le Gardien congédie le quémandeur d'une phrase plate. Son pas s'allonge encore, claquant sous le haut plafond de la salle. Devant lui, elle s'incline. Pas assez, jamais assez, elle s'y refuse. Leurs regards se croisent et jamais elle n'aimera ce qu'elle peut y lire. Il réfléchit, toujours, au plus offrant pour elle.


Le bonjour père.

La voix sèche, empreinte d'un respect craintif ne dénote aucun amour.

J'ai entendu, malgré moi, ce que cet homme vous a rapporté. Il est temps de faire quelque chose. Ces ... gens ... ne peuvent encore souffrir l'attente. Votre pouvoir se trouve terni de leur présence en votre capitale.

Un peu trop de véhémence peut être ... un peu trop de hargne.
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Bogumir Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Juil - 20:41

Tu as entendu malgré toi, hmmmm ?

Le Gardien laisse tomber sur Anna un regard glacial, à peine corrigé d'un très vague sourire au coin des lèvres. Un fantôme de sourire. On ne gouverne pas en souriant. Anna occupe toute la droite de son champ de vision et sa robe princière vibre d'une intense couleur sur le champ sombre des pierres. Bogumir prend le temps de détailler sa fille tandis qu'elle se dresse devant lui, à l'extrême limite de l'insolence. Quelque chose d'ancien remue au fond de lui. Un vague souvenir, des corps mouvants. Quelque chose de chaud. Sa mère était ainsi, arrogante, princière, d'une incroyable beauté. Et puis par dessus tout, elle ne mentait pas. Droite et cruelle comme une épée fichée au sein du monde, une tueuse qui ne pliait sous aucun joug. La droiture des lames nobles dans le regard, dans le maintien de tout le corps. Une femme comme il n'y en eut jamais d'autre. Bogumir efface rapidement ces lointains souvenirs. Le passé ne doit pas être un poids quand on a la charge du trône. Rien ne doit être un poids. Pas de sentiments, pas d'amour, pas de haine. Décider juste et fort, briser ce qui résiste. Vaincre. Passer le flambeau. Mourir. C'est tout. Les imbéciles croient que le pouvoir est un plaisir. Les imbéciles... Anna darde sur lui un oeil bleu ciel d'hiver, scintillant et glacé. Oui, elle a bien quelque chose de sa mère, lui manque peut-être la rectitude absolue, Anna a encore quelque chose de torve et de gamin boudeur dans la posture, une infime inclinaison des épaules qui la tient à l'écart de la perfection. Mais elle a la même fierté meurtrière. Sang de princes, princesse de sang. Bien formée à présent, un vrai corps de femme, intelligente. Encore un peu capricieuse, les séquelles d'une enfance trop facile. Ca passera. Bogumir plaint d'avance celui qui l'épousera. Ce ne sera pas une alliance mais une soumission. Son rire fuse et résonne dans le silence étrange de la salle. Chacun se fige. Le silence redouble. Sa voix claque comme une voile dans les sautes du vent.

Les Marzian n'ont pas vraiment ce qu'il faut pour ternir mon pouvoir.

Il l'observe, hésitant brièvement entre la réprimande sèche et l'épreuve. Tout comme Basile, elle sera bientôt jetée dans le monde. Il faut l'évaluer. Il n'y a pas de Rites pour les princesses, que seule attend une union d'intérêt pour la plus grande gloire du trône. Mais Bogumir sait qu'un mariage n'est pas forcément plus facile à gagner qu'une bataille. Voyons... Il se penche vers l'insolente. Il oublie sa mère et les corps chauds qui hantent les nuits passées. Anna, un pion parmi d'autres, comme tous, c'est ainsi.

Alors, as-tu une proposition intelligente à faire ou préfères-tu retourner à tes travaux d'aiguille ?

Le ton est aussi froid que possible. Elle n'a pas à savoir qu'il est parfois autre chose que le Pouvoir.
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Juil - 20:26

Cette aiguille là vient se planter en plein orgueil et c'est en se mordant les lèvres qu'elle s'évite un outrage royal. Elle croise ses mains devant elle et rajuste encore son maintien. Que ces entrevues peuvent être pénibles. Son regard quitte le visage du monarque pour aller effleurer la pierre noire. Elle réfléchit à la réponse la moins bête qu'elle pourrait apporter. Bien sûr, il était plus simple de lâcher les chiens que de penser calmement à ce pseudo problème. Mais leur insolence constante arrivait parfois à la mettre hors d'elle.
Pourquoi ne pas les bannir hein ? Peut être parce qu'ils représentaient suffisamment d'argent et de domaines à eux tous seuls pour que l'on n'oublie pas de tenir compte de leur nom. Bien .. mais réellement quelle est leur force ?
Un sourire malveillant éclaire ses lèvres et imperceptiblement, elle s'incline vers le trône.


Vos gens ont leurs entrées partout en cette ville et dans les huit régions je présume.

Cela n'a rien d'une question, elle sait, sans savoir. Elle a pris un ton neutre pour dérouler sa pensée, oublieuse de l'homme en face d'elle.

Le pouvoir de ces gens ne tient que dans la certitude qu'ont leurs contacts de l'assise de leur fortune. Il suffirait que l'on apprenne que leur trésorerie n'est pas si saine ... Ternir leur nom ne servirait de rien, ils n'ont pas la réputation d'être des gens fréquentables. Mais l'argent ...

La rumeur est une chose étonnante qui gonfle et se nourrit toute seule. Il n'est presque pas besoin de l'alimenter. Juste offrir l'étincelle. Ces merveilles que sont les "on dit", qui deviennent de plus écrasantes vérités que la réalité elle même.


Au cours de son élucubration, son corps s'est mis en marche, elle arpente la salle les mains dans le dos. La voix monte et descend en inflexions nuancées par le discours.

Ce n'est pas aussi rapide ni foudroyant que ce que j'aimerais, mais certainement plus efficace. Patience ...

Les paroles que son frère insuffle en elle à longueur de temps. Patience Anna, enfin, elle en a touché du doigt le sens.
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Basile

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 26 Juil - 21:41

Basile n'avait pas modifié son pas lorsque sa soeur s'était élancée en direction du trône pour soutenir d'une voix claire la requête du maitre des arènes. L'approche lui laisse le temps de mesurer la situation. Tilly Stagner Col semble hésiter sur la conduite à tenir : insister un peu ou se retirer derechef ? Le Gardien pose sur Anna son regard d'oiseau de proie, fixe et dur. Elle cille imperceptiblement mais affronte son père. Basile, un instant stupéfait, n'en croit pas ses oreilles. Hé bien, soeurette, tu as la tête politique par dessus le marché ? Une bouffée de fierté lui gonfle la poitrine. Sa soeur, sa chair partagée et damnée, tenant tête au Gardien ! Aucune femme, pas une mijaurée du palais n'oserait faire cela ! Ho oui, Anna, oui, tu seras reine avec moi lorsque le temps sera venu. Car nulle autre que toi ne mérite cette place. Et le royaume entier pliera. Basile approche lentement de la scène, faisant signe de la main au Maitre des Arènes pour l'inciter à rester. Tandis qu'Anna développe ses plans, Basile s'incline devant le Gardien en signe de respect, espérant aussi attirer son attention.
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Bogumir Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeVen 3 Aoû - 20:17

Un peu en retard sur sa soeur, Basile se présente à son tour. Une bonne occasion à saisir. Bogumir ignore le Prince qui s'incline devant lui. Il reste concentré sur Anna. Introduire entre ces deux là une petite dose de rivalité ne peut pas nuire. La fierté de Basile le démangera bien assez pour qu'il en veuille à sa soeur. Prince ou pas, lui aussi n'est qu'un pion. Sous ses yeux, sa fille déambule les mains croisées dans le dos, dans une posture de stratège un peu affectée. Surprenant. Bogumir observe le jeu de la princesse pour y déceler le piège, s'il y en a. L'insolence habilement masquée. Non, rien.

Une rumeur doit s'appuyer sur quelque détail facilement crédible, riposte-t-il sèchement. L'idée est bonne mais courte, ma fille. Que savons-nous de la fortune des Marzian ?

Lentement, à l'affût d'une faiblesse d'Anna, le Gardien se penche en avant et cale les coudes sur ses cuisses dures comme du bois. Il y a bien quelque chose à creuser là-dessous en effet. Que sa fille y ait pensé d'elle-même lui ouvre une blessure chaude au plus profond des entrailles. Quelque chose entre la douleur et la joie. Il observe Anna d'un oeil nouveau. L'image de la gamine capricieuse s'efface soudain devant celle du spectre de sa mère. Tu as bien grandi, ma fille, et je n'avais rien vu. Montre-moi maintenant ce que tu as dans le ventre.
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Aoû - 22:17

Il l'arrête dans son égarement pensif. Net, comme un couperet qui tombe. La voix a claqué pour lui rappeler qui elle était. La belle contenance qu'elle avait réussi à adopter jusque là se trouve balayée par cette vague froide.

La question n'est pas ce nous savons de la fortune des Marzian, mais ce que vous en savez vous ! Quelle importance que je sache qu'ils détiennent en pleine propriété une partie des quais de cette ville, ou même qu'ils ont des entrepôts et commerces qui travaillent pour eux dans chaque ville des huits régions.

Le ton monte, la voix s'envole vers ces contrées de colère où elle chemine si souvent. Pourquoi faut il systématiquement qu'il remette en cause chacune de ses paroles et chacun de ses actes ? La présence de son frère, quelques mètres à peine derrière elle, ne parvient pas à ramener le calme en elle qui conviendrait. Il y a dans son ventre cette envie profonde de gifler la face implacable qui la scrute. L'humilier, une fois, une seule, qu'il baisse les yeux. Peut être est-ce, ce jour là, qu'elle scella l'avenir de l'homme assis sur son trône.

Et si moi qui ne sait rien, je connais déjà cela, je n'ose pas croire que vous, père, ne détenez pas l'information qu'il faut au départ de cette entreprise. N'est il pas vrai qu'il vous suffit de vouloir, n'est ce pas vous le Gardien de toutes choses ?

Cette fois l'insolence est consommée, elle recule d'un pas pour englober toute l'image de son père raide devant son regard. Les yeux qu'elle pose sur lui ne sont plus que le reflet d'une haine et d'une peur lentement nourries.
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Bogumir Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 6 Aoû - 20:40

Le fantôme qui rôdait s'enfuit soudain quand Anna ouvre les vannes de sa colère. Comme une gamine, elle se hérisse et se dresse sur ses pieds pour se faire plus grande. Mauvais départ. Une déception diffuse au bas des reins, un rêve perdu qui ronge les tripes. Tu es bien loin, Irejna. Ta fille, hélas, ta fillle aussi, bien en deça de toi. Quel dommage. Quel dommage... Mais le jeu ne peut s'arrêter là s'il faut toucher aussi la fierté de Basile. Il attendra encore un peu. Le regard de Bogumir plonge dans celui de sa fille, effaçant le reste de la scène.

Tu parlais de patience, ma fille, et tu la perds déjà ?

Le Gardien marque une infime pause pour appuyer la leçon. Sans cesser de clouer sa fille du regard, il hausse le ton pour que le prince sache que cela s'adresse aussi à lui.

La politique n'est pas qu'une affaire de vouloir. Seules des gamines gâtées secouant leur poupées peuvent croire cela. Ou bien des paysans. S'il me suffisait de vouloir, alors les gens qui viennent m'exposer leur requêtes ne prononceraient pas de paroles inutiles et cette salle entière se parerait enfin du plus profond silence. Les sots sont bavards, les esclaves aussi. Les fanfarons ne gardent pas longtemps le pouvoir. Approche, Anna.

Immobile et glacial comme un spectre de pierre, Bogumir lâche le dernier ordre d'une voix affreusement égale que la lueur de ses prunelles dément. Son doigt tendu désigne la dernière marche de l'estrade qui monte vers le trône, presque aux pieds du Gardien.
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Aoû - 16:41

Frémissante, elle a écouté tout le venin qu'il avait à lui cracher. Vieille chose cassée, perchée tout là-haut, pourrissant de l'intérieur, stérile et inactif. Tout en approchant, elle le contemple tel qu'il est, tel qu'on peut le voir quand on oublie la couronne et le pouvoir. Oui, c'est cela la force de son père, être le Gardien. Il est. Tous ceux qui font le déplacement jusqu'ici viennent parler à un demi dieu. Ils masquent la réalité derrière l'aura puissante du titre. Mais elle ... elle n'a pas besoin de cela. Il n'est que son père. Ses dernières paroles auront fini par détruire le peu de respect que le mot père engendrait. Il ne l'aime pas, il doit même parfois réussir à oublier son existence. Tout là-haut sur le fauteuil qui était en train de le dévorer vivant, que pouvait il bien avoir à penser à son propos. Et pourquoi fallait il qu'elle ait tant besoin de reconnaissance de sa part. La gamine qui a grandi seule, au côté de son frère, se demande si toutes les filles sont ainsi, à chercher à atteindre l'idéal paternel pour qu'une fois, une seule, elles aient l'impression que leur coeur palpite en posant les yeux sur elles. Ou est ce elle qui rêvait toute petite que cet être qui la contemplait toujours de si loin un jour aurait un sourire sans calcul.
Mais, son père n'est qu'un tas de viande avariée aujourd'hui et là, derrière elle, cogne le coeur bien vivant de son frère. Et pour lui, elle affronterait ce regard méprisant avec le sourire. Le père est mort, le frère saura le remplacer. Là, sur la première marche qui mène au calme glacial du Gardien, elle affiche un sourire mauvais et ses yeux qui portent loin derrière le regard de son père reflète une certitude : tu es déjà mort.
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almeria

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeSam 1 Sep - 2:29

Dissimulée entre les tentures qui masquent les portes de services menant à la salle ou siège le vieux Senjak, Almeria ne perd pas une miette de ce qui se joue sous ses yeux.

Les générations s’affrontent et Almeria apprend. Les positions du corps qui trahissent les ambitions, la portée des voix qui tremblent d’émotions, les liens du sang qui troublent les relations.

Osant à peine respirer de crainte d’attirer l’attention du vieux, Almeria ne peut s’empêcher d’admirer les légitimes héritiers du trône. Affamés de pouvoirs, l’impatience vissée au ventre et un soupçon, toujours, de méfiance teintée de crainte face à celui à qui ils doivent tout. Et cette beauté lancinante qui jaillit de chacun de leurs gestes, de leurs paroles attisant en elle ce mélange de haine et d’amour qui la porte depuis des années mais la renvoie à chaque fois à sa condition.

Une effluve lui fait plisser le nez. L’odeur de ce vieux dont elle a dû endurer les attouchements et les gémissements. Elle sent encore sur son corps ses mains avides qui la pétrissaient comme une chose, une propriété dont il pourrait faire ce qu’il voulait.
Almeria grimace. La réalité lui impose de reconnaître qu’elle n’est bien souvent qu’une chose.

Un soupir lui échappe vite réprimé, mais il lui semble résonner dans la pièce. La sagesse lui commande de fuir, de refranchir la porte ou elle est adossée. Mais le spectacle des fauves réunis la fascine.

Là bas, les Senjak semblent n’avoir rien entendu, mais avec eux, rien n’est jamais sur….
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Basile

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Sep - 0:04

Un ou deux pas en retrait derrière Anna, Basile observe. Faut-il avancer encore pour prendre l'initiative ? Là-haut, sur le trône de pierre dure qui semble aussi distant qu'une montagne, son père n'a pas bougé. Les yeux du Gardien dévorent Anna avec une intensité que Basile lui a rarement vue. A lui, leur père n'a pas accordé un regard. Basile se fige, un vieux réflexe d'obeissance. Le monarque sait dresser autour de lui cette invisible paroi qui l'isole des hommes. Quelque chose de froid s'éveille dans les entrailles du jeune homme, une colère tapie que réveille l'affront. Juste le temps d'un battement de cils, une bouffée de rancoeur lui monte aux lèvres. Sa soeur caracole devant lui, fière de l'importance soudaine que lui accorde le Vieux. La jalousie a un gout étrange sous la langue et laisse un goût de vase au fond des tripes. Mais Basile connaît la leçon, celle-là même qui lui a été enseignée dans la douleur et l'épreuve en vue des Rites qui l'attendent. Les mâchoires verrouillées, il rive ses pieds au sol. Ne pas se laisser aller aux passions. Ce n'est jamais le coeur qui gouverne. Et puis Anna fait vibrer la salle de sa voix claire et tendue comme la corde d'un arc. Le Vieux l'accule en deux phrases meurtrières comme il en a le secret. Elle lutte, elle se dresse, elle frémit. Elle monte vers le trône, marche après marche, ondule comme un serpent qui s'apprête à frapper. Basile connaît par coeur l'odeur des colères d'Anna, il a sur la langue le gout salé de ses peurs, sous la pulpe des doigts le frisson de ses rages. Anna vibre d'une lumière aveuglante tandis qu'elle prend pied enfin sur la dernière marche, à moins d'un mètre de leur père. Et si le coeur ne gouverne pas, Basile se tait devant la perfection de cette soeur qui brûle et se refuse à plier sous le joug du Vieux ou de ses caprices de tyran. Le souffle coupé, il attend qu'éclate la crise qui se noue sous ses yeux. Anna, ma chair, mon sang, tu vas trop loin...

Hypnotisé par le spectacle, il n'entend même pas les mots que prononce le vieux d'une voix sèche quand sa main se détend et frappe Anna au visage. Seule sa propre main, soudain crispée sur le pommeau de sa dague, semble encore douée de vie. Et la vague de haine qui monte en lui efface les traces aigres de la jalousie.


Père, vous ne devriez pas vous laisser aller à la colère.

Sa voix à lui est aussi douce que l'était celle du Gardien tout à l'heure. Au fond de la salle des audiences, un brouhaha soudain annonce l'arrivée de nouveaux quémandeurs. L'occasion d'une trêve peut-être.
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Anna

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Sep - 19:15

Sa tête a subi le mouvement imprimé par la violence du choc. Stupéfaction, comment ose-t-il !! Le premier réflexe serait de se jeter sur cette face grimaçante pour lui arracher les yeux et la labourer de ses ongles. Creuser les sillons de la haine. On récolte ce que l'on sème. La voix sifflante du serpent vient lui susurrer à l'oreille une petite leçon. Mais Anna en connait une autre. Sans se retourner, elle lève une main pour faire taire son frère. Elle gagnera ce combat toute seule. Point besoin de lui en cet instant, si ce n'est de sa présence indéfectible à ses côtés. Qu'il lui donne la force de ne pas hurler. Elle ne recule pas, debout, le regard froid, l'effronterie n'est pas encore complètement consommée.

Ne croyez pas, mon père, que je ne retienne pas vos leçons. Je vais même vous en réciter une, si souvent sermonnée : la violence est le refuge des incompétents. Ce sont vos propres mots.

Les phrases sont tombées en cascades rebondissantes, fraîches et sautillantes de la malice qu'elle y a mise. Ca fleure bon les prairies insolentes, libres sous le soleil. Il est temps de prendre ses distances, à pas comptés, elle recule.

N'ayez crainte, je me souviendrai de votre dernière leçon ... il faut toujours attendre le meilleur moment pour frapper.

Les mots ont résonné haut et fort comme une sentence, une prédiction que tout le monde devait entendre.
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Bogumir Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Sep - 21:10

Le coup a bien claqué, la fierté de sa fille est aussi échaudée à présent que la peau parcheminée de la paume de Bogumir qui chauffe légèrement en souvenir de la gifle. Anna se raidit, tressaille, pâlit. Ses yeux gris lancent les éclairs de la colère et du meurtre. Ha, si, finalement ! Il y a encore en elle le sang de sa mère qui bouillonne. Bogumir fait un effort pour contrôler les muscles de son visage. Ne rien laisser paraître sinon un sourire froid. Nous autres qui règnons sommes au dessus des humains. Les passions... de la charogne faisandée pour le festin des vers...

C'est exactement cela, ma fille. Exactement cela. N'oublie jamais. Le souvenir de ton nom en dépend.

Les paroles lâchées d'un ton sec semblent ramener un calme superficiel sur la scène. Un peu en retrait, près de Basile, le Maître des Arènes se dandine, comme hésitant. Ignorant toujours Basile, Bogumir pose son regard de serpent sur le vieux tueur au faciès de molosse. Vers l'entrée, les nouveaux arrivants ont commencé à faire mouvement en direction du trône. Et une idée s'impose au Gardien tandis qu'il reconnaît la démarche du comte Maxime qui s'avance vers lui avec son escorte d'apparat. Oui, oui... il est temps de pousser les pions une bonne fois...
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Tilly Stagner Col

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Sep - 22:25

Col avait observé la scène avec interet. Le refus que lui avait opposé le Gardien avait provoqué en lui une vague de rebellion qu'il avait su parfaitement maitriser. Ainsi, voir la fille Senjak si mordante à l'égard de son père l'avait grandement satisfait et meme plus. Il y voyait un message des dieux qui exerçaient sa propre vengeance sur le Gardien.

N'osant interrompre le conflit royale, il retenait son souffle, tout en ruminant sa colère. Il n'attendait qu'un geste du gardin pour pouvoir disposer.

"Le gardien me refuse justice...Je la ferais moi meme mais il est vrai qu'il y a bien plus urgent à régler..." pensa-t-il. En effet, la date des Jeux approchait et avec elle celle de ses noirs projets...car il avait un maitre bien plus terrible que le Gardien, un maitre à qui il lui était impossible de désobéir...
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Isadora Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Oct - 23:36

La rumeur était montée jusqu'à elle. Bien plus qu'une rumeur d'ailleurs. On lui avait rapporté les paroles du Gardien. Ce vieux fou s'était enfin décidé à marier son bâtard de fils. Il y avait mis le temps. Ce petit morveux de Basile était depuis bien longtemps en âge de se préoccuper des émois de la chair et la preuve en était de tout ce qu'il se racontait sur ses rapports avec sa catin de soeur. Alors le mariage était une bonne chose. Seulement ... seulement, ce mariage ci ne convenait absolument à la vieille douairière. Elle avait elle aussi quelqu'un à placer dans le lit du prétendant au trône. Et permettre qu'une autre famille, forcément moins pure, puisse accéder au gouvernement des huit provinces était tout simplement inadmissible.
Assise devant un feu rugissant, ses mains noueuses posées sagement sur les genoux, elle tord le problème et cherche le meilleur allié. Qui pourrait elle soudoyer pour en connaitre plus long sur celle dont tout le monde parlait sans même en connaitre encore le nom ? Elle n'avait malheureusement plus la même faculté de déplacement que par le passé. L'age l'avait obligée à s'en remettre à des incompétents qui, pour la plupart, ne concevaient même pas l'importance des faits et surtout leurs conséquences. Fremya était bien trop crétine pour se charger d'une quelconque mission. Et puis, mieux valait ne pas trop la mettre en avant si on voulait un jour pouvoir imposer son nom à Bogumir. Hum ... décidemment la nouvelle génération n'arrivait pas à la cheville des ses ancêtres. De son temps, elle n'aurait pas eu à chercher longtemps sur qui compter. A peine l'information aurait elle franchi les lèvres du Gardien, qu'on l'aurait retrouvé mort le lendemain. Aller, il fallait se décider.


FREMYA ! Où traines tu encore ?!! Viens ici, il faut que nous parlions.
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Fremya Gorlanova

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeDim 7 Oct - 23:54

La voix de la vieille passe la porte entrouverte. Fremya, occupée à son ouvrage, sursaute à l'appel. Un tremblement infime parcourt ses doigts qui tirent les fils. Chaque convocation est synonyme de torture mentale. Elle savait pertinemment l'opinion que sa tante avait d'elle. Elle l'appelle tante alors que ça n'est même pas le cas. Une marque de supériorité supplémentaire. Le respect dû à l'âge parait il. Si elle n'avait pas été persuadée elle même de la pauvreté de son visage et de la lourdeur de son allure, elle aurait pu encore s'en assurer dans le regard de la vieille. Ces yeux ... tout le mépris qu'elle y découvrait ...
Un soupir de lassitude précède l'entrée dans la pièce surchauffée. Une révérence appuyée et elle s'assoit dans le siège posé à côté de l'âtre.


Vous m'avez fait appeler ma tante ?

La vieille l'avait fait installer dans la chambre juste à côté de la sienne. Très certainement pour avoir en permanence une esclave à portée de voix. Depuis des années, Fremya était à son service de jour comme de nuit. Elle était l'oreille privilégiée qui recevait toute ses intrigues et projets. La tante avait en tête de la marier à Basile. Ce n'était pas forcément pour lui déplaire, mais il y avait chez elle un penchant romantique qui aurait souhaité qu'il l'aimât. Qu'il déclare sa flamme en déclamant des poêmes sans fin. Qu'il cherche à la séduire, qu'il la trouble. Or, tout ceci n'entrait absolument pas dans les manigances de la vieille. Et puis, il ne fallait malheureusement pas se faire d'illusion, le beau Basile n'était pas pour la vilaine Fremya.
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almeria

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 8 Oct - 1:16

Almeria noue son tablier, enfile les couloirs au pas de course, déboule dans la cuisine en trombe, arrache le plateau déjà prêt des mains d’un grouillot aux ongles plus noirs que l’âme du vieux.

Aujourd’hui tu iras servir la vieille Senjak, la Louison refuse d’y aller une fois de plus. Lance des mauvais sorts qu’elle dit c’t’oie …

Et de déblatérer pendant des siècles sur le dos de cette empotée de Louison, avant de lui lâcher le bras et de la laisser partir. C’est pas qu’elle l’aime particulièrement la Senjak, mais rien n’est pire qu’écouter la Chargée des Taches, comme aime se faire appeler la grosse Marine, oubliant qu’il y a pas si longtemps elle passait la serpillière dans les couloirs.
D’ailleurs, Almeria se demande bien comment elle a obtenu ce poste. Il y a des mystères dans ce palais qui lui restent insondable. Mais ce genre de détails ne l’intéresse pas. Le devenir des soubrettes et leurs manigances sont des bassesses qu’elle dédaigne.

La Senjak… Une vielle recluse, influente, mordante comme une murène au fond de son repaire. Qu’une proie passe à ses cotés et en un éclair elle sera dévorée.
Des crocs acérés, Almeria en a aussi. Elle ne se laissera pas rabrouer comme la Louison. Et quelque chose lui dit que de la rencontre de la haine de la vieille et de son ambition pourrait naitre un hybride intéressant et particulièrement utile.

Les marches tournent aussi vite que les projets d’Almeria. Quand la porte honnie des servantes se présente, Almeria a sa ligne de conduite.
Changement d’attitude. Adieu profil servile. Il est temps de se dévoiler un peu.
Almeria, ôte sa coiffe, laisse ses cheveux roux s’étaler sur ses épaules. Le tablier, lui, est impeccablement placé.
D’un geste autoritaire, elle pénètre dans la pièce surchauffée. Une inclinaison du genou, révérence minimum. Pas un regard à la gourde à ses cotés, elle n’a pas d’importance, pour l’instant au moins.
Faisant de la place sur la table basse, sans solliciter d’autorisation aucune, Almeria dispose les tasses, les gâteaux, tisonne le feu, entrouvre une fenêtre et l’air de parler pour elle-même, le regard perdu vers l’horizon elle susurre :


On dit que l’accouplement d’un aigle et d’une colombe n’ont jamais donné que des oisillons bâtards et sans force.
On dit aussi qu’ils attirent le mal et affaiblissent les lignées.
Mais ce ne sont que des racontars de paysans des plaines…


Refermant la fenêtre, Almeria se campe derrière le fauteuil de la Vieille, réajuste ses coussins dans son dos puis entreprend de servir le thé.

Thé des versants ouest auquel j’ai rajouté du gingembre. Cette gourde de Louison vous avait encore préparé du thé à la cardamone !!!
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Isadora Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMer 10 Oct - 20:13

Que cette petite est stupide .....

Tu le vois bien que je t'ai appelée puisque te voilà. Tu n'entendrais tout de même pas des voix.

Elle la scrute par en dessous, cherchant comme toujours un angle sous lequel cette pauvre fille pourrait avoir l'air moins godiche. Peine perdue.

Tu vas aller me chercher Guerald. J'ai a lui parler. Et tu me feras le plaisir de ne pas trainer dans les couloirs.

La porte s'ouvre sans qu'un seul coup ait été frappé pour en demander l'accord. Encore cette servante ... La vieille ne l'aime pas, trop impertinente, trop prétentieuse. Toujours à laisser courir ses yeux et ses oreilles partout. Même son cul, elle le laisse vaquer à des occupations bien tortueuses dans les lits de mâles de la forteresse. Elle ne bouge pas la vieille mais elle sait bien des choses. Qu'est ce que c'est que ce petit discours. Congédiant Fremya d'un geste, elle se tourne à demi sur son fauteuil pour scruter le dos de la servante. Un rictus déforme les joues ridées. La laissant servir le thé, elle approuve d'un coup de menton le jugement sur la dite Louison. Dont elle apprend juste l'existence.

Dites moi, qu'est ce que c'est que cet adage que vous récitiez tantôt ?
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almeria

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Oct - 1:00

Almeria poursuit son ouvrage, dispose le sucre et les gourmandises sur la soucoupe. Un sourire étire légèrement ses lèvres. Ainsi la vieille chouette s’intéresse aux adages. Ainsi, elle croit qu’elle est la seule à s’immiscer dans les secrets d’alcôves.
Almeria hésite. Faire mariner la murène la tente plus qu’un instant mais cela desservirait ses intérêts alors elle dépose la tasse dans les mains de la Senjak, retape les coussins du fauteuil ou siégeait la gourde et sans autre forme de procès s’y assoit :


De deux choses l’une, Madame, soit nous jouons aux devinettes et chassons la souris pendant des jours, se serait intéressant intellectuellement voire peut être même divertissant, mais je doute que nous ayons du temps à perdre, soit nous mettons bas les masques et unissons nos objectifs.

Vous ne m’aimez pas, Madame, voire même vous me dédaignez. Je ne suis à vos yeux qu’une servante qui vend ses charmes pour quelques avantages insignifiants, un objet sans intérêt. Vous dire que je ne vous aime pas non plus ne changerait rien à l’affaire. Mais nous avons les mêmes …attachements : Basile et sa sœur Anna. Pas pour les mêmes raisons, mais cela n’entre pas en ligne de compte. Du bas de ma condition de servante, Madame, sachez que je sais, et vois plus de choses que vous ne l’imaginez et que nos ambitions pourraient bien gagner à se rencontrer.


Almeria se tait. Jouant avec une mèche de ses cheveux, elle toise la murène et attend. L’attente, elle connaît, rien ne presse.
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Isadora Senjak

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeLun 15 Oct - 22:02

La tasse apporte un peu de chaleur aux os engourdis de la vieille. Ce sont des petits détails que l'on apprend à apprécier à leur juste valeur. Le feu vrombissant de l'âtre ne suffit plus à ranimer le sang qui lentement mais surement coagule. Les yeux se plissent devant l'impertinence de la servante. Poser son arrière train sur les fauteuil sans prix d'Isadora Senjak, sans même y avoir été invitée fait monter le rouge aux joues de la femme. Elle ouvre la bouche, prête à remettre à sa place cette souillon, mais l'autre s'épanche et la bouche se referme. L'attention est captée et cette réflexion qui fait son chemin : si seulement Fremya avait le cran de s'imposer ainsi. La servante y gagne le droit d'aller jusqu'au bout de son discours sans être interrompue. Et lentement, le thé se met à tourner dans la tasse sans que la vieille quitte la rousse des yeux. Elle se demande, il serait possible, oui pourquoi pas. Après tout si la jeune génération ne voulait comprendre où était son intérêt, il était peut être temps de changer d'interlocuteur. La vieille avait atteint un âge respectable, fait rare en ces pierres, et c'est sa faculté d'adaptation qui avait permis telle longévité.

Ma petite, vous devez savoir que je pourrais vous faire subir les pires tourments dans nos geôles, ne serait ce que pour avoir osé m'adresser la parole sans qu'on vous l'ait demandé. Que les choses soient claires, vous n'êtes rien et cela demeurera en l'état. Admettons que nos intérêts soient communs, je ne dis pas qu'ils le sont, qu'avez vous donc à offrir pour sauver votre vie ? Dépêchez vous de parler, ma nièce ne devrait pas tarder à revenir avec son cousin, cela signera la fin de cet entretien et de votre existence.

La voix rocailleuse ne supporte pas la contradiction. Elle roule et se déroule entrecoupée des succions dues à la perte de quelques dents. La tasse rejoint les lèvres inexistantes et la vieille attend.
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almeria

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MessageSujet: Re: Bachnya : la Forteresse   Bachnya : la Forteresse - Page 2 Icon_minitimeMar 16 Oct - 0:01

La murène n’a pas bronché ni à son impertinence fessière, ni à sa prise de parole effrontée. Et même, miracle d’entre les miracles elle semble intéressée. Almeria en sauterait de joie, mais ce n’est ni le lieu ni le moment. Y en a-t-il un seulement en les murs de Bachnya ?
Pas une émotion ne trahit la réponse menaçante de la Vieille mais quel sourire intérieur !
Ne pas s’emballer pourtant, même sans dents la murène reste redoutable. C’est le moment de ferrer le poisson, l’occasion ne se représentera pas et les geôles méritent leur réputation.

Almeria laisse le silence s’installer un instant. Pas de précipitation, se serait interprété comme une marque de faiblesse. Et puis la gourde et son cousin ne sont pas encore là. Almeria connaît chaque son de la forteresse. Quand on passe devant la troisième meurtrière, si l’on n’y prend garde les pas se répercutent jusqu’en haut de l’escalier, laissant à l’auditeur averti deux bonnes minutes pour disparaître. Pas de bruit suspect donc encore du temps devant soi.


Les geôles, Madame… Mais ces murs m’enferment depuis ma naissance. Ce sont des geôles bien plus sures et bien plus perverses que les cachots du troisième sous sol.
Impertinente, je suis, impertinents seront donc nos rapports. Mais nous serons les seules à le savoir.
Je ne suis rien, Madame et ne prétends pas, pour l’instant, le contraire. Mais parfois les petits riens font les grandes choses, pourvu qu’on sache les utiliser à bonne escient. Et comme toutes les petites choses, on ne me prête que peu d’attention, au pire on me catalogue « la servante qui trémousse son derrière dans les lits de paille ou de soie ».


Le regard quitte les flammes un instant, l’ironie est palpable, mais déjà Almeria reprend :

J’entretiens cette image, elle est mon impunité. Que l’on m’aperçoive dans un couloir défendu aux servantes et immédiatement on imagine que je sors d’un lit. Ainsi aucun lieu ne m’est étranger, et les hommes, ou même les femmes sont si avides de confidences dans certains moments. Et sachez, Madame, que j’utilise mon esprit avec la même dextérité que mon derrière…

Almeria lève la tête et tend l’oreille. Elle quitte son fauteuil, reprend son rôle de servante.

Vos invités seront là dans deux minutes, sûrement un peu plus, votre nièce escalade difficilement les marches qui mènent céans.
Votre réponse, Madame ?
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