Chroniques Temporelles
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 Perehod - Bachnya : la Forteresse

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MessageSujet: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 16:38

Anna
Perehod - Bachnya : la Forteresse 7-94

Droite et fière, debout depuis la nuit des temps sur son piton rocheux. Elle étend son ombre oppressante sur la ville à ses pieds. Monument construit à la gloire d'une époque révolue. Celui où ses maîtres pouvaient traverser le monde en se sentant chez eux partout. Chacun, l'un après l'autre, ceux qui l'ont possédée ont ajouté leur touche personnelle. Aujourd'hui, elle ressemble à un collage illusoire de tours et d'avancées de pierres. Grise, outrageusement gigantesque, elle est à l'image de ceux qui la peuplent. Délirante et suintant le stupre.
Fermée au reste du monde par une porte monumentale à double battant. Bardées de fer et sculptée de faces grimaçantes. La peur, l'ultime moyen de persuasion. Deux gardes en faction en permanence devant elle. Ils sont les gardiens des complots internes.
En son centre, une cour à partir de laquelle se répartissent les logements des domestiques, les cuisines et écuries. Dans ses étages, des enfilades de couloirs sombres, des pièces aux dimensions aussi hallucinantes que la forme des tours dans lesquelles elles s'enchâssent. Et partout des escaliers sans fin.
Grouillante de vie. Son peuple y arpente ses veines comme le sang noir coule dans celles des Chronophages. Des cris résonnent, des appels se répercutent sans fin contre les murs épais, des murmures se glissent sous les portes.
Vomissante de trop de tentures, tapis, coussins en tout genre. Son intérieur est l'antonyme de son apparence extérieure. Les maîtres des lieux ont accumulé tout ce qui brille et a une quelconque valeur en ces temps. Ils se saoulent les yeux et se noient l'esprit.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 16:39

Basile
Perehod - Bachnya : la Forteresse 16-96

Il y a des éclats de voix qui roulent entre les murs. Dans le couloir, les dalles de basalte rabattent l'écho d'un coup sec. On entend les fantômes claquer contre les murs. Quelque chose mugit au fond du gouffre de Bachnya. Basile ouvre les yeux. Un jour plombé tombe sur les tentures qui protègent le lit. Les remous du velours font ramper sur les draps de vagues ombres sans noms. La lourde tringle de cuivre du baldaquin a laissé échappé l'un des anneaux du rideau. Là, le tissu s'ouvre comme une lèvre nonchalante et laisse couler un peu de ce jus gris que pisse encore et encore le ciel de Perehod. Ailleurs, il laisse passer de sombres transparences de sang caillé. Toutes choses ici se déploient lentement. La couleur même du velours est comme un amorti du temps. Et les échos qui s'étirent. Et le bas bourdon du vent qui ronfle dans les couloirs. Un rêve de dragon cacochyme, voilà ce que c'est que cette immense forteresse.

Dans le lit refermé, pesant comme une alcôve, le corps nu de Basile se déplie en silence. La main parcourt la surface du drap. N'y rencontre rien d'autre que les plis de la nuit. L'odeur des corps plane comme un vautour. Elle n'est pas là. Pas loin, mais pas là. Pourtant, il a encore entre les dents le goût salé de sa peau. Sur ses lèvres le poivre léger de son sang. Il tend l'oreille mais n'entend rien d'elle. Déjà réveillée, déjà ailleurs, ou seulement dissimulée tout près dans la chanson du vent qui rugit en rafales, là, dehors, et balance dans la pièce comme un crépitement. Basile se penche, écarte le rideau. Par le double battant qui ouvre sur le balcon, des grains glacés de pluie viennent battre la pierre du banc. En trois pas il est dehors, contre la balustrade. Le crachin l'enveloppe. Zdrapnye, le vent gris, l'un des huit vents de Perehod, lui râpe soudain l'échine de son baiser glacé. Zdrapnye, Celui qui Dérobe. Il a froid. En dessous de lui, un peu perdue dans le flou du crachin, la ville étale ses toits luisants. La ville grouille. Tellement loin en dessous.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 16:44

Anna
Perehod - Bachnya : la Forteresse 7-94

Levée avant l'astre. Elle a laissé glisser ses pieds nus sur les tapis de la chambre, quitté la chaleur de la couche pour aller chasser un cauchemar au milieu de ses livres. Lourde porte refermée sur le sommeil du corps qui repose. Couloirs, escaliers glaciaux avalés dans la lueur tremblante des lampes. Deux étages au-dessus, oublié d'eux tous, le refuge personnel. Sonner pour que quelqu'un vienne faire de la lumière et attiser le feu. A toute heure, toute la saison pluvieuse, les feux restent allumés dans toutes les pièces de la bâtisse. Même ici.
Pas un regard pour l'être insignifiant qui vient en courant s'acquitter de sa tache. Pas un mot non plus. Aucun intérêt.
Elle se drape un peu plus dans le lourd manteau qui la couvre, se love dans un fauteuil et laisse aller ses yeux à l'ascension des étagères ployant sous le poids des années d'écriture accumulée. Sur une console, près d'elle, un volume repose, la main le saisit prudemment et l'esprit part à l'aventure de ses pages.

Un éclat de jour, tombe sur le sommeil revenu. Des doigts légers passent sur un visage étonné. Depuis combien de temps ... Les jambes se déplient, elle abandonne les lieux pour redescendre vers lui. Le service du matin se met en branle. Partout résonnent les sons habituels provenant des tréfonds de Bachnya. Le coeur, au petit jour, reprend ses palpitations. Le bois cède sous le poids de la main découvrant la chambre surchargée, l'odeur suave, la chaleur du feu ronronnant. Un regard vers le lit ... personne ... Haussement léger des épaules, le lourd manteau glisse au sol dans un silence feutré. Elle s'allonge entre les draps encore empreint de sa chaleur. Courant d'air froid sur la joue. Le regard va trouver réponse à la question. Debout, luisant de la fine pellicule d'eau qui le nimbe, il est encore à observer ces vermisseaux qui rampent à leurs pieds. Elle pose son visage sur sa main, le coude replié, et l'observe. Bien plus grand qu'elle. Ca a toujours été comme ça. De trois ans son aîné, découplé comme un cheval racé. Hautain comme ils se doivent de l'être. Elle frissonne à le voir ainsi dans le vent. Voix profonde où les sons roulent comme des cailloux dévalant une pente.


Viens là, laisse donc la pluie à ces vers imbéciles.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 16:48

Basile
Perehod - Bachnya : la Forteresse 16-96

Les bras croisés, il pose les coudes sur la rampe de granite qui court le long du balcon. Dans les volutes de brume aqueuse qui flottent en contrebas, les remous du vent se devinent parfois. L'air se mêle de mille coups de fusain, des traits infimes couleur de fer tirés sur le camaïeu gris des tuiles et de l'austère granite des demeures. Toute la ville est dominée par le gris : celui des nuées qui courent sans relâche entre deux coups de ciel bleu ; celui des pierres taillées que des escouades de travailleurs esclaves et de libres mineurs extirpent à grand effort du corps immense des falaises ; celui des tuiles qui dorment le long des toits pentus. Celui de l'eau qui ruisselle. Il y a aussi le gris fervent des yeux des femmes, des yeux que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans les contrées. Le gris pensif de la crinière des vieillards, celui des tristes masures de bois usées et délavées par le temps. Mais aujourd'hui, Basile suit du regard les taches de couleur qui serpentent à ses pieds, de gros insectes chamarrés glissent silencieusement au coin des rues et se posent sur la place Vremya : les chariots des marchands prennent place pour la Foire du mois, leurs bâches se déploient et claquent dans les sursauts du vent comme d'informes fanions. Cela crache du vert, du jaune tout droit volé au soleil, des rouges en quantité, peu de bleu en revanche : ces teintures là sont bien chères, même pour un marchand achalandé. C'est à qui aura l'étal le plus criard pour attirer les regards. Dans le dos du jeune homme, une voix familière résonne.

Viens là, laisse donc la pluie à ces vers imbéciles.

Il se retourne en souriant.

Te revoilà, ma soeur, blottie comme un chaton dans ses coussins !

Entre deux plis du baldaquin, un visage familier lui jette pour toute réponse un regard à demi moqueur, à demi provocant.

Te revoilà qui ronronnes d'une fournaise plus brûlante que toutes les cheminées de ce foutu palais !

Il s'approche du lit, écarte la tenture et s'asseoit près du corps allongé d'Anna. Du bout du doigt, il suit une courbe connue et trace sur le dos, du bout de l'ongle, un petit sillon rose qui s'efface aussitôt.

La Foire commence là-bas. Nous y verrons des choses intéressantes je crois. La pluie, mon âme, dissimule mille choses intéressantes, pourquoi les laisserions-nous à tes amis les vermisseaux ?

L'agacer un peu est toujours un plaisir. Anna qui se hérisse, il ne connaît rien de meilleur. Et puis le vent dicte sa loi : quand souffle le vent gris, le désir doit rester un peu inaccompli. Chaque chose à son heure. Mais il penche le buste et pose les lèvres ouvertes au creux des cuisses. Avant d'inaccomplir quelque chose, rien n'interdit de le faire croître un peu. Ne pas se contenter de ce qui est petit. Le désir qui ne brûle pas jusques au fond du ventre et des poumons n'est qu'une petite envie. Digne d'un vermisseau.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 17:14

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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 17:19

almeria
Perehod - Bachnya : la Forteresse 27-73

Almeria enfile les couloirs, pressée, c’est que ses pigeons voyageurs ne vont pas lui faire l’aumône de l’attendre. Seraient-ils au courant d’un dixième de son existence, qu’ils s’acharneraient à encore mieux se dissimuler, par pur amusement, voire à la faire enfermer, par amusement aussi… Mais elle compte bien provoquer un peu le destin. Elle a assez attendu, la chance ne se présente qu’a ceux qui vont la chercher, tel est l’un de ses credo.

Pensive, Almeria bouscule deux donzelles à peine plus âgées que ses deux mains réunies, avant de s’apercevoir qu’il s’agit de l’avant-garde d’un archi chancelier, archi duc ou un archi dans le genre, à qui elle a eu la faiblesse d’accorder ses faveurs, il y a quelques années pour obtenir un accès libre et illimité à la bibliothèque… Ce vieux matou s’imagine encore qu’elle admire les enluminures ! Elle ne l’a jamais détrompé. Qui ne sait rien, ne peut rien avouer.

Regard circulaire, afin de reprendre pied dans la réalité. Pas de chance, cette fois, l’endroit ne recèle aucune porte dérobée et l’archi vieux n’est hélas pas accompagné de son bouledogue de femelle. Celle là, rien qu’à la voir, on devine que pas une main, pas une lèvre ne l’a effleurée depuis… Ouh, l’instauration des chronophages ! Aussi desséchée qu’une momie, aussi perfide qu’une vipère un matin de printemps. C’est le genre à renverser sa tasse de thé, accuser la servante, rien que pour le plaisir de la voir fouettée.
Almeria s’est toujours arrangée pour ne pas être en sa présence, mais là, exception surprenante, elle espère presque voir sa silhouette d’épouvantail apparaître. Au moins, lui serait bien obligé de se tenir coi.

Hélas, mille fois hélas, elle est bel et bien seule face au libidineux qui dès qu’il relèvera la tête ne pourra manquer de la voir.
Redresser la tête, pas les yeux. Les garder timidement mais impudiquement baissés vers le sol, discrètement, entrouvrir son corsage, faire pigeonner la poitrine et onduler les hanches. Tant de gestes habituels qu’ils en perdent leur sens. Juste répondre aux désirs de celui qui veut, de celui qui peut un tant soit peu ouvrir les portes…

Voila, il l’a vue. Son sourire égrillard prouve qu’il ne l’a pas oubliée, malgré tout ce temps ou il était absent de la forteresse. Ceci dit, aucune de ses proies n’a encore eu l’audace de l’oublier !
D’un geste, il intime l’ordre à son aréopage de poursuivre vers un ailleurs. D’un œil habile, il note, lui aussi que le couloir est désert. Mais où donc sont passés les serviteurs et autres bons à rien qui infestent les couloirs habituellement ?

Tendant son bras, il lui interdit le passage, la bloque contre le mur. Nabot qui ne lui arrive qu’au menton, elle sait ce qu’il désire. Se plaisant à imaginer qu’il est l’homme qui… Et oublier que c’est sa condition qui… Elle la servante, lui le notable… Pathétique !

Almeria encaisse sans broncher l’haleine empuantie d’un plat trop aillé, garde la tête baissée mais répond d’un regard aux mains qui s’insinuent sous son corsage. Et dire que ses deux tourtereaux pendant ce temps volent à travers la ville, mais qu’il en finisse ce vieux fou qu’elle puisse enfin les rejoindre.

Laisser son corps répondre aux pétrissements de l’homme. Coller son bassin, cambrer ses reins. Et cette voix empressée qui lui susurre à l’oreille :

Ce soir, ma belette….après le diner… Dans mon bureau… Sois à l’heure !
Papillonner des paupières en signe d’acquiescement. Pas de paroles, pas ici.

Les bras la relâchent enfin, d’un pas hautain il s’éloigne d’elle. Alméria laisse échapper un soupir de soulagement. Ca n’aura pas été pire après tout !

Vite, maintenant, rattraper le temps perdu, plus question de se laisser déconcentrer. Il est plus que temps de trouver ses protégés… Avant qu’ils ne s’envolent.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 17:21

Bogumir Senjak
Perehod - Bachnya : la Forteresse 28-35

C'est très curieux cette façon qu'ont les paroles de résonner dans cette salle...

se dit Bogumir en toisant du regard le plus glacial possible l'ambassadeur qui s'incline devant lui pour se retirer en ses appartements.

Nous vous souhaitons la bienvenue. Que votre bref séjour ici vous soit agréable.

Il insiste à dessein sur le mot "bref". L'autre a compris. Bien sûr. Un ambassadeur comprend facilement ce genre de choses. C'est ce qui est plaisant avec eux. Humiliez-les à votre gré, ils courbent l'échine comme le dernier des manants si vous enrobez comme il faut les injures que vous leur faites. Ils cultivent les apparences avec la même ferveur que les prêtres cultivent leurs Mystères. A une différence près : les Mystères ne sont pas des dénis de réalité. Les Mystères voilent le coeur obscur des choses, l'essence est indicible, la parole sybilline ouvre la seule voie. Les apparences ne voilent que la peau des choses. L'injure reste l'injure. Celui qui plie reste un vaincu. Bogumir se retient de cracher à la face servile de l'homme qui se retire. Il est des gestes qu'aucune apparence ne peut plus occulter. Des gestes inutiles aussi : les esclaves sont ce qu'ils sont. On peut certes mépriser leur essence inférieure. Inutile de les accabler : la punition ne redresse que celui qui se peut redresser. Un esclave reste toujours courbé. Toujours.

Bogumir, le Gardien, le Maître de Perehod, Commandeur des Armées, Fléau du Nord, ne quitte du regard l'homme qui se retire que lorsque celui-ci franchit enfin à reculons le double rideau d'apparat qui marque symboliquement la frontière entre l'espace Politique, ici, au pied du trône, et l'espace Cérémoniel, là-bas. Celui qui entre dans l'espace Politique en présence du Gardien n'est plus qu'une fonction. Il n'existe que comme rouage des intérêts et des puissances qu'il représente. Ici, toute parole est officielle. Ici, le moindre écart, la moindre erreur se paye au prix fort : la guerre, la mort, l'assassinat. Et puis l'oubli qui ensevelit toujours les perdants. Le double rideau de velours rouge qui marque la frontière est accroché à un portique, douze mètres exactement devant le trône du Gardien. Il coupe l'allée qui mène à l'imposante porte qui ouvre l'accès des visiteurs à la Salle du Trône. De part et d'autre de l'allée, un immense espace vide se déploie, occupé par une foule empressée les jours de grande cérémonie, hanté par les échos la plupart du temps. Le rideau n'est qu'une frontière symbolique. Il n'arrête ni le regard, ni le son. Et de l'autre côté du rideau, celui qui revient dans l'espace Cérémoniel redevient ce qu'il est : un humain au milieu d'autres humains. Ne redevient que ce qu'il est. Ce qu'il dit là, ce qu'il fait là ne concerne plus que lui. Dans les limites de l'étiquette, évidemment.

Bogumir fait un signe. Le chambellan, qui attendait un peu en retrait, approche d'un pas coulant et se penche vers le Gardien.

- Les Marzian sont arrivés, Pankratt. Ils se sont arrêtés à l'Auberge du Vent.

Bogumir réfléchit rapidement. Les Marzian se déplacent rarement pour le plaisir. Les Marzian... une vieille famille de haute noblesse, les éternels rivaux du clan Senjak, les éternels seconds. Des vipères nuisibles. Mais puissantes. Riches. Armés. Influents. Pas tant qu'ils le voudraient, loin s'en faut. Mais tout de même, des vipères qu'il faut garder à l'oeil.

Fais-les suivre. Tu connais les consignes.

Un geste de la main congédie le chambellan. La Politique suit son cours. Quelqu'un d'autre approche du rideau rouge. Au suivant.
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 17:22

Isadora Senjak
Perehod - Bachnya : la Forteresse 35-32

Au bout de la tour Zabvyénie, après détours et escaliers sans fin, au bout de la perte du sens d'orientation, dans un appartement surchauffé, une vielle croule sous le poids d'une robe où les broderies font la nique aux pierres de tout gabarit. Posée dans son fauteuil recouvert de velours sombre, elle crache son fiel à l'oreille attentive d'une cousine au troisième degré par sa grand-tante. Les mains fripées triturent un vélin trop souvent lu et relu.

Tu vois, Fremya, tu vois ... ici, c'est à cette génération que Bogumir et sa saleté de femme nous on volé le trône ! Enfin, son père. Et si mon imbécile de frère avait été plus fin joueur, nous ne serions pas obligés de demander l'aumône à ces rats à l'heure qu'il est.

Atmosphère lourde de rancunes depuis trop d'années ravalées, de manigances trop souvent avortées, de complots déjoués. Elle en aura tissé des trames et creusé des chausses-trappes. Mais toujours, ils lui ont glissé entre les doigts. Et, il ne fallait pas compter sur les deux demeurés pervers de Bogumir pour céder leur place gentiment. Peut importe, elle avait encore du temps devant elle la harpie. Elle avait encore des choses à tenter.

Tapisseries, tentures, sol couvert de fourrures aux nuances sans nombre. La pièce, dont elle ne sort quasiment plus depuis des années, est devenu le reflet de ses ambitions enfouies. Luxe, à défaut de luxure, obséquiosité, fortune, ne lui manque que le pouvoir. Si seulement cette pauvre Fremya était jolie. Elle aurait peut être pu soudoyer Basile par ses charmes. Les yeux, blanchis par l'âge et la cataracte, se posent sur le visage ingrat qui lui fait face. Une moue de dépit, un murmure à peine réprimé.


mais non ... évidement non ...
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MessageSujet: Re: Perehod - Bachnya : la Forteresse   Perehod - Bachnya : la Forteresse Icon_minitimeDim 13 Mai - 17:23

Bogumir Senjak
Perehod - Bachnya : la Forteresse 28-35

Les émissaires succèdent aux mandataires. L'Ambassadeur des Iles Plates s'est retiré raidement lui aussi. Les petits royaumes cherchent des alliances puissantes mais rechignent à en payer le prix. Bogumir joue le temps. Le Gardien est le premier des Chronophages. Dressés les uns contre les autres par mille petites rivalités commerciales ou personnelles, les micro-états qui occupent le vaste Archipel qui se déploie au sud ouest de Perehod passent le plus clair de leur temps à manigancer les uns contre les autres. S'assurer un débouché commercial sur tel ou tel port, faire un mariage avantageux, occuper un bout de caillou sur lequel se battent trois moutons, pour la simple vanité d'y dresser l'étendard aux couleurs de la Maison gagnante, voilà ce qui les occupe. Voilà aussi à quoi Bogumir, et son père avant lui, les occupe. L'Archipel : un nuage de cailloux miroitant sur la mer glauque et brumeuse, certains riches, d'autres nus. Un chaos ingouvernable, qui doit le rester pour le plus grand confort des voisins continentaux et au premier chef pour du plus important d'entre eux. A propos de mariage... Bogumir cloue sur place d'un seul regard le marchand qui s'avance, qui rampe serait un mot plus juste, vers lui. Celui là veut une exonération pour une quelconque patente. Son confrère en a obtenue une, il la réclame humblement. Bogumir l'écoute sans desserrer les lèvres. L'homme travaille pour les Marzian. Un très lointain cousinage les lie. Il possède un comptoir à Sebrenitz, sur les Marches du Sud. Un importateur de soieries.

Les soiries de l'Empire Tüng mènent nos tisserands à la ruine. Vendez-les donc plus cher, les bénéfices vous rembourseront la patente. Sachez qu'elle vient d'être relevée d'un cinquième avec effet rétroactif sur deux mois, vous vous acquitterez de votre retard auprès du Maitre Percepteur en sortant.

Un geste du bout des doigts congédie l'importun dont le visage a blêmi sous la nouvelle. Bogumir aime beaucoup jouer ce genre de coups à l'improviste. La raison est valable d'ailleurs, et puis les soies de Tüng remontent rarement jusqu'à Perehod. Pourquoi se priver d'une bonne taxe sur le dos des Marzian ?

A propos de mariage, oui.... Bogumir se creuse la tête pour essayer de raviver un souvenir qui se dérobe. Quand donc doivent passer le Comte Maxime et sa fille, déjà ? Il est grand temps de penser à placer ses deux enfants. Basile est prêt pour les Rites, l'alliance doit être conclue aussitôt après. Quant à Anna, il hésite encore. Sa fille est désirable, les prétendants sont nombreux. Il a encore un peu de temps pour choisir le meilleur parti pour la Maison Senjak. En tout cas ces deux là passent bien trop de temps ensemble. Les bruits les plus scandaleux courent dans les couloirs de Bachnya. Qu'ils se montent l'un l'autre tant qu'il leur chante, peu me chaud. Ca les occupe, au moins ne complotent-ils pas contre moi. Leurs frères étaient bien moins faciles... Ses doigts frappent en cadence l'accoudoir tendu de velours rouge et noir. A ses pieds, un autre quémandeur rampe. Bogumir s'ennuie. Ses douleurs l'élancent, puisque rien d'important ne lui en détourne l'esprit.
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