Chroniques Temporelles
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Quand le RP se joue du Temps
 
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 [Bachnya] Le Grande Salle

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4 participants
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Basile

Basile


Nombre de messages : 52
Date d'inscription : 17/04/2007

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MessageSujet: [Bachnya] La Grande Salle   [Bachnya] Le Grande Salle Icon_minitimeLun 25 Aoû - 22:22

Ce soir, les ors sont de sortie. Ainsi que tous les autres métaux aux lèvres froides, ceux qui mordent, ceux qui élèvent. La Salle d'Apparat, dite des Fêtes, dite des Cérémonies, selon l'humeur du jour. Cent pieds de large, près trois cents de long. Les murs, immense tenture de pierre, écrasent l'espace de leur éternité. Chaque pavé, ici, a reçu d'un artiste choisi par le souverain le don inestimable d'une gravure mémorielle. Sur chaque parcelle de pierre, l'histoire des Royaumes se trace et s'entremêle en fils toujours vivants. Parole de pierre, verbe immortel. Le temps, ce n'est que cet insecte qui glisse sur ma peau de calcite, sur mes furoncles de mica. Je suis toujours et partout. Histoire et Forteresse. Mémoire fidèle. Royaume. Autel. Bachnya.

Ce soir, les ors sont de sortie. Il se prépare quelque événement et le pourpre des tentures augure qu'il est fait de vie, donc de sang.

Les tables préparées reçoivent les nappes et les couverts. Le festin se devine déjà aux odeurs échappées des souillardes, aux fumets qui filtrent dans les couloirs. La rumeur des courtisans, pressés dans le hall qui prépare l'accès à la salle, se fait pressante comme la voix des vagues et de l'écume sur les galets. La foule se fend pour laisser passer les premiers dignitaires conviés au banquet. Bogumir, sa fille Anna au bras gauche, son héritier au côté droit. Derrière, invités d'honneur, Maxime et Berehilde suivent le pas minutieusement cadencé des hôtes qui ouvrent le chemin. Tout geste ici est lourd de sens. Tout signifie. Tout déclare. La pierre écoute. Les humains déclament.

Enchainements.

Basile n'entend guère que le bruit des conversations autour de lui. Il est si difficile de se concentrer. Le Gardien lui a annoncé la nouvelle, celle qui sera proclamée ce soir devant tous à titre d'engagement. Son père marche à sa droite. Elle, plus à droite encore, se perd dans le brouhaha des humains. Comme si elle se dissolvait, il n'entend pas son pas contre le granite des dalles. Il ne sent plus sa présence, chaleur animale sur sa peau, odeur femelle sous sa langue, frémissements nocturnes sous son ventre et sa main. Droit devant lui, la double porte de bronze vibre déjà dans l'attente des mains qui la pousseront. elle se perd dans la marée du monde. C'est curieux. Son éducation lui sussure que cela devait être. Un jour ou l'autre. Mais ô, comment parler de jour pour ce qui vous déchiquète. Mais son corps tout entier refuse ce qui advient. Il a un gout de sang dans la bouche. Et juste envie de tuer.

Du sang.


Dernière édition par Basile le Mer 27 Mai - 21:35, édité 1 fois
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Bogumir Senjak

Bogumir Senjak


Nombre de messages : 14
Date d'inscription : 25/04/2007

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MessageSujet: Re: [Bachnya] Le Grande Salle   [Bachnya] Le Grande Salle Icon_minitimeDim 26 Oct - 20:45

Les portiques de pierre basculent lentement. Les gonds grincent. C'est l'âge, c'est le poids. Au devant du cortège, la salle immense déploie l'espace de ses tables ornées. Le Gardien pénètre à pas lents, l'enceinte acquiert sa taille entière quand il franchit enfin le seuil et qu'éclatent les buccins cérémoniels.

Derrière lui, et sa fille et son fils qui se tiennent à son bras, le cortège se fige en attendant le signal. Il avance de deux pas. Se retourne. Le Prince et la Princesse passent derrière lui et, conformément aux usages, vont prendre leur place en bout de table, écartent le trône qui va le recevoir et, debout, attendent. Le Gardien, au seuil de la Salle, fait face au cortège des invités. Il baigne dans la lumière des torches. Ils patientent dans l'ombre. Dans son dos, le raclement du bois sur le sol de granite signale que les choses sont en place.

Entrez, mangez, buvez, parlez. Je vous accueille.

Et majestueusement, tout comme la montagne tourne le dos aux collines qui la préparent et l'annoncent, il tourne le dos au couloir qui bruit des pas pressés des convives. A pas soigneusement égaux, il gagne la place que lui ont ouverte ses enfants.

Tandis que les convives se pressent autour des tables et se placent et se heurtent, les aèdes entament le chant qui ouvre la cérémonie. Bogumir s'asseoit sur son trône et se penche vers la fille, toujours à sa droite.

A chacun son épreuve ma fille. Ce soir sera la tienne. Celle de ton frère viendra bientôt.
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Anna

Anna


Nombre de messages : 62
Date d'inscription : 09/04/2007

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MessageSujet: Re: [Bachnya] Le Grande Salle   [Bachnya] Le Grande Salle Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:30

Une hésitation ténue, dans le raclement des chaises et puis finalement elle laisse filer les sournoiseries paternelles. Pas la peine de se fatiguer à lui répondre, l'âge apporte ses petites leçons. Le père sort trop souvent victorieux des confrontations verbales, rien ne vaut ce sourire effronté qu'elle lui cède pour hors-d'oeuvre au repas. Qu'il se complaise dans ces moments de mesquinerie pure, rien de ce qu'il peut ajouter ce soir n'aura d'importance. Le mal est fait et décidé, scellé depuis longtemps sous ce vieux crâne repoussant, imbu de son pouvoir, posé sur ses vielles fesses décharnées qu'elle n'imagine que flasques malgré les années d'armures imposées à ce corps.

La poule de province va se voir offrir l'enfer. Elle ne le sait pas et peut être se réjouit elle de l'annonce à venir. Ho oui, elle doit en rougir d'aise devant sa glace, se trémoussant sous ses froufrous ridicules. Accéder au trône, pouvoir parler du Prince Senjak en disant mon mari, évidement qu'elle pavoise. Et pourtant, elle ne sait pas, la haine silencieuse de la soeur et la mort qui l'accompagne. Quand le père prononcera les premières paroles, les lames froides déjà crèveront son regard perpétuellement voilé de timidité.

Mais pour l'instant Anna fait ce que l'on attend d'elle. Assise aux côtés de ce père, trop loin de ce frère qu'elle cherche à respirer au milieu des lourdes senteurs de centaines d'invités qui se pressent, des plats qui font leur apparitions aux mains des domestiques. Et elle bavasse, souriante, tenant le crachoir à Berehilde qui lui fait de l'ombre sur sa gauche et à ce petit duc frôlant la saison où le poil pointe au menton des hommes. Quand elle rit, les boucles lestant ses oreilles s'échinent à adjoindre la note cristalline sincère qu'il manque à ses éclats. Ne pas lui laisser la satisfaction de la voir ruminer sa rancune, qu'ils profitent, le père qui déchire ses enfants comme la voleuse qui veut entrer dans son lit. Qu'ils profitent, avant que la nuit ne blanchisse, avant que le vent ne se lève, avant que la faim ne lui dévore les entrailles.

Les milles bougies brulent du même éclat qui affecte les formes, creusant les visages, créant grimaces quand il s'agit de sourire, couvrant le échanges d'une teinte intimiste, ornant la vielle Senjak d'un bec de corbeau à partir d'un nez qui pourtant n'a rien de corné. Là-bas, un lointain cousin énumère la liste complète de ses propriétés à l'oreille mourant d'ennui d'une branche cadette de la famille. Et Anna continue la représentation, les gestes contenus sous l'effort qu'elle produit à ignorer cette envie d'étranglement, les chevilles croisées sous la table, goutant le froid que les pierres en pavement renvoient. Elle écoute la fluette Berehilde, elle ne fait que cela, pleinement, entièrement. Un verre d'ambre à la main, légèrement elle se penche, vers son père, sans quitter la jouvencelle des yeux.


En effet, celle de mon frère vaudra la mienne. Quel choix mon père ... Une splendeur, aussi tenace que l'ennui.

Le regard coule par dessus la table surchargée jusqu'à Basile et le verre prend un peu de hauteur, la princesse a des caprices, un toast silencieux, à toi ô mon frère, pour toutes les épreuves à venir puisqu'ainsi il en a décidé et à toutes nos victoires sur elles, qu'il crève.
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Isadora Senjak

Isadora Senjak


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Date d'inscription : 28/04/2007

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MessageSujet: Re: [Bachnya] Le Grande Salle   [Bachnya] Le Grande Salle Icon_minitimeJeu 4 Avr - 0:25

Quatrième chaise à gauche du Gardien, c'est là sa place. S'il le pouvait l'animal la ferait reculer vers les tréfonds de la table mais la bienséance Gardien, le protocole mon Seigneur, vous n'y pouvez rien. Voilà sa garantie et ce qui la réjouit chaque fois que Bogumir se trouve dans l'obligation de réunir sa cour. C'est à ces occasions qu'elle trône, à l'ultime angle mort de son regard. Pourtant accéder à la salle n'est pour elle qu'épreuve. Les ans ayant emplis leur office, il faut la porter pour descendre les escaliers, Fremya et Guerald doivent lui prendre le bras afin qu'elle traverse la salle jusqu'à sa chaise. Mais cette humiliation n'est pas cher payer, ho non.

Seulement aujourd'hui une aiguille vicieuse vient lui gâter son plaisir. Comme une minuscule écharde sous un ongle. Les Marzian ont raté leur coup. Le sourire de Berehild en est la pleine manifestation. Sa cassette avait pourtant été scrupuleusement allégée par ces pendards. C'est que l'affaire n'est pas commune votre seigneurie, qu'il faut pour cette histoire autre chose que les premiers soudards venus et que le professionnalisme a un coût. Un coût ! Merveilleux !

Regardez Marzian, l'investissement se pavane, boit, mange et bavasse avec sa cousine. Plus vivante, tu meurs.

Quels professionnels ? Quelle affaire ? Oh mais comprenez nous votre seigneurie, la demoiselle était grandement escortée, par gens de compétence, forts pourvus en armements. Qu'avaient-ils donc cru ? Que le Gardien laisserait la promise de son fils se balader sur les routes le pieds alerte, au seul bras de son duc de père !

Pouah, la nourriture se fait cendre à sa bouche, si ce n'était la haine depuis trop longtemps chevillée à son corps frêle, elle opterait pour le découragement. Comment procéder lors Berehild est dans Bachnya, protégée par tous les hommes du trône, qu'il l'enfermera dans une chambre, plus prisonnière qu'invitée, plus insignifiante que la poussière que l'on repousse sous le tapis, cachée à la vision de tous quand tous ne parleront que d'elle. Une semaine complète d'isolement avant qu'elle reparaisse au jour afin de se diriger directement au cœur de Treovj et là tout serait scellé.

Comme le verre de vin se porte à ses lèvres la pensée suit son cheminement. Chaque chose en son temps, d'abord les Marzian doivent rembourser ou bien c'est à eux de découvrir le moyen. Et ils ne cracheraient jamais l'or qu'ils ont empoché. Et ils ne prendraient pas le risque de se mettre à dos la vieille veuve de la forteresse. Parce que de l'or coule en rivières gorgées jusqu'à la gueule entre ses doigts racornis.

Profite Berehild des quelques instants d'insouciance qu'il te reste à déguster. Tant que le repas ne sera pas terminé le Gardien ne dirait rien. Or, tant qu'il n'est rien annoncé, il n'est pas plus avéré. Les démons se retiennent de t'emporter tels les vents, enchaînés, grossissant derrière les pierres avant de se jeter à la face de ceux qui grattent leur vie comme on nourrit un vice.

Mais, il va le faire, prendre vos mains pour les baigner de la même eau. Demander à la sœur la bénédiction des vents et accorder par sa voix l'héritage de la lignée.
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MessageSujet: Re: [Bachnya] Le Grande Salle   [Bachnya] Le Grande Salle Icon_minitime

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