Chroniques Temporelles
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Quand le RP se joue du Temps
 
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 Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)

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Albrecht Anarechia
Torm Subito
henrietta
Eufaimysme
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Eufaimysme

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MessageSujet: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeLun 28 Mai - 1:52

Eufaimysme traîne ses langueurs adolescentes sur la poudre blanche de la colline, laissant des traces à regrets dans la neige vierge. Pourquoi celles-ci ne se refermaient-elles pas sous ses pas? L'impression de souillure persistait dans son esprit comme l'image fânée d'un cauchemar récurrent. Rien en ce monde ne fonctionnait correctement. Rien depuis la disparition de Pyro... Un monde vide... Seul l'arbre de l'oracle et ses branches immenses se voulait encore rassurant dans le marasme insondable.

La jeune fille s'assoit sous la ramure divine et regarde les toits enneigés battus par les vents du nord du bourg de Madohuir en contrebas.


Pyro...
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Eufaimysme

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeLun 28 Mai - 12:33

Sous l'arbre de l'oracle, quelques heures plus tard

Eufaimysme ouvre un oeil.
De pensées errantes en divagations moroses elle avait fini par s'endormir contre le tronc de l'arbre gigantesque. La jeune fille, plus une gamine mais pas encore une femme, se leva et s'étira face au soleil d'hiver qui étendait ses premiers feux sur Madohuir.

Euf plissa les yeux et vit que la place du marché commençait à se garnir de monde. Elle décida de descendre la colline vers le bourg.
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Eufaimysme

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeMar 29 Mai - 22:41

Madohuir le Marché d'en bas

Le Marché ne bat pas encore son plein. Quels étals seulement disposés par les plus courageux Madohuiréens affrontent la bise mordante - qui hurle ses malédictions nordiques de toit en toit - à grand renfort de haubans et de lourds poids judicieusement placés.

Euf rabât sa houppelande de vigogne sur ses cheveux blonds sales et commence à flaner aux hasard des marchandises. D'appétissants oeufs d'oies attirent sudainenement sa convoitise. La jeune fille se dirige mine de rien en crabe vers l'objet de son désir lorsqu'une voix tonitruante la stoppe net dans son geste...
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henrietta

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeJeu 31 Mai - 23:33

Eufaimysme !!!! Qu’est ce que tu traines encore ? Reviens ici tout de suite ? Tu crois pas que tu as fais assez de bêtises comme ça ? J’ai besoin de toi TOUT DE SUITE !

Henrietta attrape la main de sa rebelle de fille, soupirant devant la difficulté d’élever une enfant telle que la sienne dans une ville comme Madohuir. Ici tout se sait, tout se colporte.
Et sa fille, sa fille…….Mon dieu, elle est différente, elle rêve trop.

Henrietta sait bien que la jeunesse a des désirs que la réalité n’entend pas. Les ailes poussent et exigent de se déployer. Mais ici, il n’y a que peu de place à l’envol. Henrietta sait qu’elle doit faire entrer Eufaimysme dans le moule, malgré le mal que cela lui fait, malgré la vie qu’elle souhaiterait offrir à sa fille.

Trainant l’adolescente comme un boulet, elle ne prête qu’une oreille distraite à ses jérémiades.
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Eufaimysme

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeJeu 31 Mai - 23:50

Eufaimysme sursaute et manque de ficher le panier par terre.

Par le Saint-Arbre, cette voix je ne la supporte plus...

L'adolescente se retourne et dévisage sans aménité l'arrivante

- Fiches moi la paix, sorcière, tu n'es pas ma mère ! Tu n'as fait qu'épouser mon père ça ne te donne pas tous les droits, espèce de ...

La femme l'attrape et serre son poignet avec force. Euf essaye de se dégager de la prise, mais Henrietta a une poigne puissante que vingt ans de dur labeur ont rendue implacable. Euf gémit. Elle se rend compte dans le même instant que ses mots dépassent ses pensées. Celle qui a remplacé sa mère morte dans un accident le lendemain des 5 ans d'Eufaimysme a toujours été bonne et juste avec elle... Mais aujourd'hui, Euf n'est pas dans un jour à subir la moindre contrariété. L'autre commence à la traîner par la main. Euf lâche une flèche de Parthe:

- Tu es de ceux qui ont fait chasser Pyro, j'en suis sûre...
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henrietta

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeDim 10 Juin - 23:54

Henrietta soupire mais n'en lache pas pour autant la main de sa fille. D'un pas ferme elle s'eloigne du marché, s'arrete dans une ruelle, loin des oreilles indiscretes. Elle se retourne, fait face à sa fille, la scrute à la recherche d'une explication à la rage qui l'habite parfois.

Eufaimisme, ma petite Eufaimisme, mon volcan d'incomprehension... Sache que s'il n'avait tenu qu'à moi, ton Pyro serait encore parmi vous. Je le connais depuis si longtemps, comment pourrais je vouloir son depart ? Allons, Eufaimisme, garde tes flêches pour tes vrais ennemis, ne reporte pas ta colère sur ceux qui t'aiment... Viens, rentrons.

Henrietta lache la main de sa fille, passe son bras autour de ses épaules, esperant secrètement qu'Eufaimisme ne la repoussera pas.
Qu'il est difficile d'élever une enfant qui vous rappelle à toutes occasions que vous n'êtes pas sa mère. Qu'il est difficile de ne pas sentir la douleur que cela provoque.
Retenant, un second soupir, Henrietta reprend le chemin de sa demeure souhaitant que l'orage Eufaimismien soit pour aujourd'hui apaisé.
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Torm Subito




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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeJeu 25 Oct - 10:29

Torm Subito est un heur. T
Il préfère rester caché. Comme un E muet. Il est là.
Il caresse les racines de l’arbre.


-Que me dis- tu ?
Que me dis- tu… ère ? R… Air ?

Il soupire. Le vent se lève, ondule les branchages. Fouette le visage et le sang. Il remonte sa capuche.
Visage terrible. Les heurts doivent être seuls. Craint. Seul. Toute la surface de son corps couverts de carte. Céleste. Constellation des plans de l’aube nouvelle. Leurs savoirs restent mystiques. Les mots utilisés au compte gouttes. Toute vérité n’est pas bonne à dire.


R…

Ce heurt était lié à l’arbre. Depuis qu’il avait 7 ans. Bien des ans. Il avait été préparé depuis sa naissance. Sur sa cuisse, alors, dans une teinte brunâtre les lunes de sable. Depuis treize constellations avaient été rajoutés, à l’aiguille et à l’encre noire.

-Oui… Ella souffle sur le sable qui recouvrait son corps céleste. Ainsi sont né les lunes de sables.
PoussièRe d’étoile…

On lui avait ouvert le front. Entre ses deux yeux cousus. Il percevait encore la lumière... Rouge...
On lui avait appris à rester immobile des heures durant. Ne songeant à Rien. Néant. Vide. Comme l’arbre. Ne pas bouger.

Torm Subito est un heur. une heurE ?
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Albrecht Anarechia

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeMer 28 Nov - 2:47

La place était noire de bottes, sanglante pataugeoire carmin.

il marche dans la neige, foulant le mince sentier de montagne, ses souliers de cuir souple ne laissent qu'empreintes légères, traces infimes caressées de vent.

De sa démarche, il serait possible de deviner son age, mature, sa force, conservée, où se lirait l'amoindrissement, au pli amer de sa bouche. De sa prestance, on pourrait déduire le ressort brisé de sa personnalité, elle inclurait la cassure, liée par volonté, et son goût des manteaux choucas, taillés à toutes ses mesures. Cela aurait pu, si la solitude glacée n'excluait quelconque observateur.

Sa fille fut égorgée sur sa poitrine.

Son pas ne dérange les éthernottes nichées en atemporel hiver, blottis en leur terrier, sous les rares souches parsemant les flancs du mont, attente de l’oubli des légendes, l’époque de leur chasse est enfui, les lunes s’en souviennent parfois, lors s’embrassent les lumières du calendrier caché, mais ce cycle n’est pas leurs, et lui est en partance pour ailleurs.

Son regard voudrait cacher le monde, en une blessure qui dévoilerait l’obscurité de sa vie, il se contenterait presque de l’enfouir sous les aspérités de sa haine. Si il avait un prisme pour décortiquer ses souvenirs en fragments tranchants, il les rangerait un à un hors du fourreau de sa mémoire, et torturerait ainsi, estafilades béantes, l’univers de sa naissance. Il voudrait et pourtant se contenterait du pouvoir.

Il se passa onze années inscrites par l'Aiguille.

Onze rides de ses yeux plissés face à la réverbération blanche, reflétant sa chevelure, pas une mèche n’a goûté l’acier depuis, deuil natté, éternel, d’un combattant dont tout les choix sont tombés, pourrissants et délétères. Il ne conserve que celui d’avancer. Le col est proche, la descente sur Madohuir s’annonce reposante, ni délassante, ni plaisante, juste une dernière parenthèse où l’esprit laisse les muscles l’endormir.

Un être vivant et conscient le croiserait à cet instant, il aurait à décrypter un maelström d’expressions changeantes en ciel d’équinoxe, et, doté, d’un brin de bon sens, l’emmènerait baffrer une soupe épaisse d’haricots ventrus et de lard graisseux. Mais cela impliquerait une conjonction impossible, alliance de l’humain et d’une jugeote lucide.

Il a gueulé comme un porc.

Une bourrasque fait frissonner la mer d'écume froide, le fleuve, en contrebas étincelle aux feux du couchant, moucheté des péniches alimentant le flux ininterrompue du commerce entre les cités. A peine un frémissement d’hésitation trouble sa descente sur la ville, ponctuée du son mat de la rocaille roulant dans la pente, sa gorge souffre déjà à la reprise des conversations anecdotiques attendant les voyageurs à l’étape, supporter ce mal est un prélude aux douleurs le guettant plus loin. Est-ce la raison de son sourire, fugace, à ne pas déranger un moineau timide.

Qui se réjouirait de l'arrivée d’Albrecht Anarechia, si il n’existait des os gris, enveloppés dans leurs linceuls…

Le temps passe
pour tous
passe
toujours présent
passe
s'absente et revient
parfois
pour lui il est passé
et maintenant
venu
le temps du retour...
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Gallileo Koprani

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeLun 3 Déc - 16:38

Et le prince allait ainsi cherchant, de campagne en province, et chaque jour qu'un dieu rêvait, chaque jour il cherchait !

Gallileo laisse monter sa voix avec le flux des mots. Debout sur ses tréteaux, les bras tendus au ciel, les yeux perdus dans les nuages fins qui s'effilochent au gré des vents, il laisse battre le coeur du prince au coeur du sien, et les rêves du prince au sein des siens. Gallileo ne sait pas conter autrement. Il en a vu pourtant des conteurs, et des bons, vous pouvez m'en croire ! Posés, assis, debout parfois, immobiles souvent, les yeux flambant de leurs récits, la voix grondante et chantante, mais ils contaient toujours l'aventure d'un autre. Gallileo ne sait pas faire cela. En vérité, Galliléo ne conte pas : il revit. Et la scène qu'il habite est le lieu de ses vies. Gallileo raconte ses aventures, et il en a beaucoup, il est Légion. Depuis le temps, vous pensez-bien. Cela fait quoi, vingt ans, peut-être mille ?

Ses bras retombent pesamment, la lassitude du prince pèse sur les vieilles épaules du conteur et sa voix se réduit en un murmure que couvre la rumeur braillarde du marché voisin. Mais peu importe : suspendus à ses lèvres, les quelques villageois qui l'écoutent, les gamins attroupés le nez collé contre les planches, entendent bien ce qu'il a à dire. Ils connaissent l'histoire, aussi.

De chaque ville de son royaume, il visita les palais. Il demandait à voir les plus riches et les plus puissants des seigneurs de l'endroit, puisque ces gens là étaient les mieux placés pour être heureux, en somme. Et comme le demandait l'ermite, il achetait leur chemise. Pourtant, aucune chemise n'accomplissait le miracle que lui avait promis le vieil ermite. "Allons allons" se disait le prince, "l'ermite ne peut mentir, l'homme heureux que je cherche n'est point par là et voilà tout !"

Gallileo recule de quelques pas et se place derrière cette autre scène miniature qui forme comme un microcosme coloré à l'image de la grande, de poussière et de bois, dont il arpente l'espace en déroulant ses histoires. Les ficelles et les poignées de bois viennent se placer tout naturellement contre ses paumes, dans le prolongement de ses doigts. La poupée de chiffons et de buis, vêtue de lin multicolore comme un vrai prince, s'anime et bouge ses bras articulés. Les enfants acclament. Ils aiment bien Gallileo, mais ils préfèrent encore le prince de bois peint aux couleurs chatoyantes. D'un geste répété du poignet, Gallileo se met à chevaucher ce destrier imaginaire que nul ne voit mais que chacun devine. Et le prince de voyager.

Et le prince cherchait toujours, de hameau en gros bourg, et chaque bougie qu'un vent soufflait marquait un jour où il cherchait !

En arrière de la place, où le regard dépasse la masse sereine de l'Arbre et file dans les airs comme un moineau frileux avant d'aller butter sur la masse sombre des rocs, là-bas le long escarpement qui menait au Plateau des Maraignes serpentait tout de blanc et s'animait d'un mouvement discret. Un voyageur foule la neige à grand pas. Gallileo est vieux, mais il a bonne vue. Assez pour voir que celui-là vient de bien loin. Ou en revient. Les clameurs de l'assistance ramènent son attention sur ses tréteaux de bois où chevauche le Prince. Gallileo sourit, il s'est laissé distraire, une fois n'est pas coutume. Reprenons...


Dernière édition par Gallileo Koprani le Jeu 28 Aoû - 21:03, édité 1 fois
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Torm Subito




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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeSam 19 Avr - 18:21

L’heurt.
Comme une gifle sur l’hiver annoncé.
L’heurt…

H.
Un grand fracas universel.
Il étreint son arbre avec force, l’obscur de la nuit ne lui laisse apercevoir l’instabilité.
Il ressent ce qui se produit, craignant le pire.


H
Oui. Comme quand notre étoile est née.
Oui. H. Hachée. Hachurée. L’aspiration dans le ventre même du Chaos.

L’heurt se heurte à l’impassible. L’incompréHension.
Il embrasse l’écorce. L’arbre comme il n’as qu’une vie, se meurt jour après jours.
Et l’absence.
L’absence.
Il voudrait se couler dans la terre pour lui faire refaire le chemin à l’envers.

L.
Un message d’avant le temps. D’avant les aubes. D’avant les nuits. Tant de cycle.
L.
Un message qui est pour L' expéditeur.
Pour une vengeance.
Pour un cycle entier qui tremble.


- L dit qu’L ne revivra pas pour autant.
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Gallileo Koprani

Gallileo Koprani


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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 23:59

Et le Prince de bois et de chiffons de reprendre la route. Tout autour de l'estrade, il bat la planche de ses pieds de bois. C'est tout le pays qu'il parcourt, toute la terre même, ainsi que la mer et les cieux. La marionnette danse au bout des fils échevelés. L'un menace de rompre, fourbu de frottements, de voyages et de songes. Mais il tiendra. Mais il tient. Gallileo le soutien du regard, le ménage d'un mouvement amorti du poignet tandis qu'épuisé et déçu, le Prince s'en revient et retrouve l'Ermite.

Le Vieil Homme était là, sous son arbre. Oui, un grand arbre chenu, immense et silencieux, comme notre Arbre à nous.

Les enfants approuvent. Ils aiment l'Arbre eux aussi, bien sûr. Ô, pas tant que le Prince, il est moins amusant. Mais parfois, lui aussi murmure et frémit. Il est de bois, comme le Prince. Ses branches bras bien accrochées par le vent aux nuages fuyants qui les font vivre.

Un grand arbre qui pense et qui racle la nuit. L'Ermite se tenait là, comme toujours. Le Vieil Homme sait parler à l'arbre. L'arbre, pour lui n'est pas silence. Car vous savez que les arbres parlent parfois, bien sûr. Comme le nôtre, là, qui parle tout bas peut-être à l'oreille de l'homme là-bas.

Les enfants tournent la tête vers l'Arbre. Sous l'ombrage épais de sa feuillée, un homme se tient qui se frotte à l'écorce. Un fou sans doute, un mendiant, un Perdu, un ermite peut-être. On entend dans une accalmie soudaine de la rumeur du marché, on entend sa voix rauque qui clame des syllabes sans suite. Déchiquetés par le vent doux si froid qui tombe des Maraignes qui font la toile de fond.

- Je n'ai point trouvé l'homme, dit le Prince. Et il baisse la tête, épuisé.

- Vraiment, dit l'Ermite, vraiment ? Tu es Prince et tu ne peux pas trouver d'homme vraiment heureux, ni en ton Royaume ni ailleurs ? Mais alors, pourquoi donc es-tu Prince dis-moi, si tu ne sais même pas faire cela ?

- Je ne sais pas. J'ai cherché, dit le Prince qui a les yeux si bas qu'ils touchent presque le sol. J'ai essayé toutes les chemises des riches, des nobles, des seigneurs. Toutes je les ai passées sur mes épaules, par-dessus ma cotte de mailles bien sûr pour montrer que je respectais le don quand on me la donnait, l'échange lorsque je la payais. Je n'ai pas cherché à la cacher, comme tu me l'avais dis. Je ne l'ai pas trouvée, la chemise de l'homme heureux. Je n'ai pas trouvé l'homme.

- Vraiment,
dit l'Ermite, vraiment ? Et il riait !! Mais as-tu demandé à tous les puissants, à tous les nobles, à tous les seigneurs ? A tous vraiment ?

- Bien sur,
dit le Prince qui regardait le vieil homme sans comprendre. A tous. J'ai cherché des années et ma jeunesse a fui. Mes amours, mes amantes, ma cour, tout a fui tandis que je cherchais. Le temps. A tous. En vain.

- A tous, sauf un,
dit l'Ermite. Il se leva, quitta l'abri des branches, s'approcha du feu qui brillait dans la nuit. Ses yeux brillaient comme des braises. Etait-ce de joie, d'amusement ? Ou le simple reflet des flammes ? A tous, sauf moi !

- Sauf à toi ?
répéta le Prince. Mais comment te l'aurais-je demandé ? Je cherche la chemise d'un homme heureux, or tu n'as point de chemise.

- Mais si,
dit l'Ermite, ma chemise, c'est le ciel.

Et le ciel autour d'eux déployé se mit comme à vibrer comme font les velours lorsqu'on les caresse. Alors le Prince comprit enfin. Lentement, il posa son épée, retira son manteau. Il défit sa cuirasse, dégrafa les épingles qui fermaient sa cotte de mailles si brillante aux épaules et la laissa glisser au sol. Il revêtit la chemise que lui donnait l'Ermite. Et là, il vit. Sur sa peau à présent révélée, mille couleurs dansaient comme des étoiles ivres, comme des lucioles. Et le feu qui craquait auprès d'eux n'eut plus besoin de faire des flammes pour les chauffer. Le feu brillait pour donner la lumière comme la peau du Prince, comme les étoiles là haut, comme les yeux du Vieil Homme.

Gallileo agitait encore sa marionnette sous les yeux fascinés des enfants. Il avait laissé tombé les chiffons qui la revêtaient et le corps de bois brillait lui aussi de mille flammèches intérieures, comme une lampe. Gallileo était très fier de son tour, il avait eu tant de mal à le monter. Les enfants, bouche bée, applaudissaient et riaient, voulaient toucher le Prince de bois magique, enchanté certainement, le vieux conteur est un sorcier qui sait. Puis une voix flûtée s'élève.


- Mais alors, le Prince y savait pas que sa peau était comme ça ? Y s'est jamais déshabillé de tout c'temps là ?
- Mais non idiote,
lance un garçonnet un peu plus loin. Y'a que les filles qui se déshabillent !
- Hou hou hou !!
criaient les unes
- C'est passssque que v' z'avez peur d'montrer vot' zigouigoui
, renchérit la première, démontrant par là même une connaissance précoce des ressorts de l'âme humaine
- Hou hou hou !!
criaient les uns

et le charivari joyeux s'installe tandis que Gallileo range son prince de bois, son cheval de bois, son royaume de planches. Il lève les yeux. Le voyageur, sur le chemin, a disparu. Echappé aux regards. Sous l'Arbre, un fou parle à l'écorce et foule la terre dure dans l'attente de quoi ?

Et la prochaine fois, les enfants, je vous raconterai une histoire qui vient de l'Est où est né le Soleil, et du Sud où il vit. L'histoire de Souris !

Sur les clameurs enthousiastes des derniers gamins qui s'attardent, Gallileo jette son balluchon sur l'épaule droite, coince au dessous la lanière de cuir qui porte sa malle à trésors et descend à pas lourds de l'estrade. Son regard porte vers la rue qui descend en pente douce. Au loin, le fleuve scintille. Une brume blanchâtre levée par le vent froid s'étire sur les berges. Mais entre le Fleuve et lui, il y a ce qui fait courir sur la ville cette sourde rumeur qui fait un peu, très peu, vibrer le sol comme le battement étouffé d'un immense tambour. Boum boum. Boum boum. Boum boum.


Dernière édition par Gallileo Koprani le Ven 29 Aoû - 11:10, édité 1 fois (Raison : orthographe / modifs mineures de tournures de phrases)
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Gallileo Koprani

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeSam 23 Mar - 23:25

[Quelques mois plus tard]

Le vieux tourne autour de l'arbre où le Fou a tourné.
Et la Vierge, et l'Enfant. Et le Chien.
Et le Vent.

L'hiver tire à sa fin. Un fin voile de brumes basses éclaircit le bel azur profond qui claque là-bas contre les toits de la ville qui dort. Il forme entre le trait dur du Plateau des Maraignes qui domine l'endroit et l'abîme soyeux des cieux, une transition douce, un à peine remou presque deviné la caresse très fine de la terre et du roc qui s'arrachent à l'hiver.

Madohuir est sise à l'amorce de la province la plus septentrionale du Royaume. On l'y a posée là, ultime sentinelle du mponde vivant, dernière étape, dernier refuge avant l'immense désolation qui protège à jamais le Nord et ses Dieux endormis. Pourtant, malgré la latitude, il règne ici un printemps doux et frais qui invite la vie. Madohuir est la dernière frontière avant le grand enfer blanc qui prolonge la croupe des Maraignes.

Et c'est au pied de l'Arbre que depuis des siècles et des siècles, à chaque nouveau printemps, l'on vient rendre l'Hommage à la vie qui revient.

Aujourd'hui, c'est Gallileo qui est le premier ici. Le soleil pose l'ombre rectiligne du tronc sur l'herbe jaunie encore par le gel.

Mais la fleur qu'il attend a déjà tracé sa marque parmi les brins endormis. Certains l'appellent Fleur de Grâce. D'autres la Crève-Paille. D'autres la Perce-Glace. On lui donne bien d'autres noms encore. Quel que soit son nom, c'est la lente cérémonie de la Fleur qui éclot qui formera pour la ville et ses âmes, pour les femmes et les hommes et les enfants de la ville, la marque chaude et heureuse de la vie qui renait.

Le vieux conteur tourne le dos au soleil qui émerge au-dessus du plateau. Sa morsure dorée lui chauffe les épaules, il s'accroupit lentement près de la marque cendrée que depuis ses langes de glace et de terre, dans la noire nuit de l'hiver, la Fleur a lentement dessinée. Elle va surgir ici, sous la langue tiède du soleil qui renaît.

Ce sera dans dix minutes peut-être ou dans dix jours. Ce sera bientôt et bientôt les gens de Madohuir vont faire cercle ici pour assister à son très lent, très lent jaillissement.

Le Vieux est le premier cette année. Les fesses posées au sol sentent le froid grinçant qui a figé la pierre pendant de si longs moins. Son pantalon de toile n'est pas tellement épais. Il respire et fait un cercle de ses mains.
Il attend.









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Céleste Maliek

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeDim 24 Mar - 19:19

Claudiquant lentement vers l'arbre qui attend, Céleste a les bras alourdis d'un panier et d'un tabouret à trois pieds que feu son époux lui avait confectionné pour qu'elle soit à l'aise à la traite. Il est poli par les années de travail et elle y sent toujours la main caleuse qu'il passait sur le bois quand il avait terminé un ouvrage. C'est vieux pourtant comme histoire, elle date d'une époque où ils croyaient encore qu'ils auraient des enfants.

L'air est frais et elle s'en réjouit car la chaleur ne lui réussit guère. Ca lui gonfle les jambes et lui cogne dans le crâne. Les années passant, les petits bobos se font de moins en moins discrets. Mais enfin, il faut respecter les traditions qui structurent un univers, peu importe de se plaindre, il y a des choses qui comptent.

Arrivée près de l'arbre, elle pose son tabouret un peu en retrait du conteur et son panier à ses pieds. C'est un soupir qui accueille l'assise et elle se frotte les poignets pour ramener le sang qui devient feignant à circuler.

Elle aime arriver tôt chaque année. Après, quand tout le monde se presse, ce n'est pas pareil. Elle ne peut plus faire comme si le temps s'arrêtait et lui aussi patientait avant de reprendre sa course pour annoncer partout que le printemps était là enfin. Parce qu'il faut discuter avec son voisin, sa voisine, prendre des nouvelles et en donner. On ne peut pas ignorer les gens, ça ne se fait pas.

Lentement elle vide son panier, un encas pour caler les creux, une bouteille pour étancher la soif. L'attente peut être longue.


Conteur, prends donc une lampée, tu dois être posé là depuis bien trop d'heures.

Il est connu, sans l'être de personne. Connu comme la neige, comme le sentier qu'on ne regarde plus parce qu'on l'emprunte tous les jours. Le personnage est un rite à lui tout seul et elle respecte sa fonction. Elle la comprend.

Allez, elle me pèse, remue toi.

La bouteille est tendue par des mains parcheminées de labeur, recuites de soleil.



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Miaou

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeDim 24 Mar - 23:36

Le chat, la moustache frétillante, s'étire en guise d’apparats. Il a la tâche courante d'ourdir un plan féroce à la prise de l’appât.
Alors, véloce, il ira galoper sans frémir aux souris qui le tentent. L'appétit grandissant, il faut savoir régler son cas à crocs saillants. Vaillant félin, bestiole infâme, il a autant de noms qu'il génère de drames. Lui ne s'en donne aucun, il ne saurait qu'en faire même en n'en gardant qu'un. Miaou c'est tout ce qu'il sait dire, mais juste avec cela il déclare le pire. Ou le meilleur, suivant l'heure.

Le voici qui s'approche, prêt à fouiller les poches. Car pour les possessions des autres une seule distinction, peut-on ou non les avaler tout rond. Si la réponse est positive, il miaule, s'active et dans la négative reste l'expectative. Mais là git un panier, posé au bas des pieds, trésor au fumet qui annonce pléthore.

Il faut cacher son jeu, mentir juste un peu. De jaune l’œil se fait doré, surtout évacuer cet air timoré. Aller chercher papouilles, gnangnan et grattouilles, se faire attendrissant pour couillonner les gens.


Miaou.

C'est là tout son discours aux vieux qui patiemment attendent un autre jour. Mais lui a bien le temps, la bête qui ronronne pour faire croire à un chant. La mélopée vicieuse d'une faim capricieuse qui dit qu'elle est câline quand elle n'est que canine.
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Léon Gretch

Léon Gretch


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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitimeMer 27 Mar - 21:40

En provenance directe de l'arrière d'une bicoque à moitié écroulée, Léon s'emploie à porter le drible au niveau de l'art guerrier.

Une magnifique passe. Léon récupère la balle, la repasse à Léon.

Il a le souffle court de faire tout à la fois commentaires et jeu de jambes. Alors pour que le plaisir perdure, c'est dans le silence qu'il poursuit sa course. Il esquive une touffe d'herbe jaune et traîtresse, s'élance entre deux ornières, joue du pivot, petit pont sous une carriole, lève la balle d'un coup de pieds mémorable pour surmonter le caillou qui se prenait pour un barrage et déboule à court d'air en plein milieu de la clairière.

C'est son terrain de jeu favori, il y a là toute la place et toute la solitude dont il a besoin pour accomplir sa mission. Là-bas, tout au fond se tiennent deux branches mortes soigneusement plantées par ses soins pour servir de but à ses courses.

Mais aujourd'hui le soleil fait des siennes, lui qui s'est posé en oblique à sa vision. Ca lui fait des marbrures dans l'objectif, un drôle de vert bouteille dilué au blanc crayeux des lames dardées de l'astre. Alors il tire au jugé, laissant la guibole se servir de l'habitude.


Léon se prépare, la foule est en délire !

Parce qu'il est évident qu'on ne peut que l'acclamer, que s'il n'est pas encore une idole cela ne saurait tarder puisqu'il est ce héros que tout le monde attendait, ce demi dieu des temps nouveaux. Pourquoi demi d'ailleurs, il est la réincarnation de Serpa le glorieux. La balle se prend la plus belle torgnole qu'une musculature de sept ans ait jamais collé dans une balle. Même si celle-ci est faite de toutes les fringues de sa petite sœur qu'il ait pu trouver et ficeler, bien serrées, entre elles. Sans oublier le cœur de chou, pour garantir le rebond.

Le geste décolle autant de poussière qu'il propulse d'air.

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MessageSujet: Re: Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro)   Sous l'arbre de Madohuir (à la recherche de Pyro) Icon_minitime

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